L’Arabie Saoudite : Les droits de l’être humain à deux vitesses

L’Arabie Saoudite : Les droits de l’être humain à deux vitesses

Par Rohin Baiany

Le 21 septembre dernier, l’Arabie Saoudite, membre du conseil consultatif du Conseil des droits de l’homme, a été nommée à la tête de l’institution onusienne. En tant que chef de file du groupe consultatif, le pays aura pour mission de nommer les rapporteurs spéciaux. Les rapporteurs sont les envoyés dépêchés par l’ONU et qui seront chargés d’enquêter sur les violations des droits de l’homme. (20) C’est un rôle de premier plan qui requiert deux qualités importantes : impartialité et crédibilité.« La résolution 60/251 de l’Assemblée générale (…) spécifie que les États élus au Conseil doivent respecter les normes les plus élevées dans la promotion et la protection des droits de l’homme et qu’ils coopèrent pleinement avec le Conseil » (19).

La nomination a été très mal reçue auprès de certains pays et organisations des droits de l’homme. L’Arabie Saoudite fait la une des grands médias internationaux depuis des années pour les manquements en matière des droits de l’homme sur son territoire. Une nomination à la fois surprenante et inusitée, mais qui tire ses sources de plusieurs réalités méconnues.

Tout d’abord, avant de s’engager plus en détail dans le sujet, il est impératif de comprendre ce qu’est le Conseil des droits de l’homme. Cette institution revêt une importance primordiale au sein de l’Organisation des Nations Unies. Le Conseil est jeune, car il a été créé en 2006 par l’Assemblée générale de l’ONU. L’objectif principal est de « renforcer la promotion et la protection des droits de l’homme autour du globe ». L’Assemblé générale est le principal organe décisionnaire de l’ONU.

Le projet est ambitieux dans la mesure où il offre à celles et ceux qui sont victimes d’injustices ou qui en sont témoins de pouvoir se tourner vers cet organisme pour de l’aide. En tant qu’organisme intergouvernemental, il est composé de plus de 47 États signataires, qui se partagent la présidence du Conseil tous les trois ans. Une des critiques les plus souvent exprimées concerne la nature peu démocratique et critiquable de certains des membres.

Parmi les pays qui siègent au sein du Conseil figurent notamment la Chine et la Côte d’Ivoire. Plus de mille militants des droits de l’homme croupissent aujourd’hui dans les prisons chinoises et selon Amnistie Internationale, plus de 4000 personnes sont condamnées à mort chaque année dans le pays (21). Pour ce qui est de la Côte d’Ivoire, même s’il y a eu des progrès notables dans les dernières années, les forces de sécurité du pays sont régulièrement accusées d’exactions à l’encontre des opposants au président Alassane Ouattara (22).

Monarchie absolue

Pour comprendre la situation en Arabie Saoudite, il faut tout d’abord comprendre la nature de ce pays « atypique ». Ce royaume est le seul État au monde qui porte le nom de son fondateur : Abdelaziz ben Abderrahmane Al Saoud dit Ibn Seoud. Fondée en 1932, après l’unification des différentes tribus de la péninsule arabique, la famille Saoud dirige le royaume sans partage depuis près d’un siècle.

Conformément aux règles de succession, le pouvoir se transmet d’un frère à l’autre. Un système unique de succession « adelphique » parmi les fils du fondateur Ibn Seoud. C’est un mode de succession qui consiste à transmettre le pouvoir au frère aîné du dernier souverain décédé et non à son fils. En réalité, selon le spécialiste de l’Arabie Saoudite Nabil Mouline, la succession va le plus souvent au membre le plus puissant de la famille:« La transmission du pouvoir en Arabie saoudite, qui obéit à ce principe, est plus complexe : le roi n’est pas le frère le plus âgé, mais le membre le plus puissant de sa génération.

Le pouvoir est donc très dépendant des équilibres de pouvoir du moment » (23). N’empêche que la dynastie des Saoud est vieillissante et qu’il est impératif aujourd’hui qu’ils envisagent de passer le flambeau à une génération plus jeune.

Le fondateur du pays a eu 19 épouses qui lui donnèrent environ 89 enfants connus. Une très grande famille, qui compte aujourd’hui plus de 5000 princes héritiers et dont chacun mène un train de vie extrêmement luxueux (27).

Au fil des ans, ces héritiers se sont forgé une réputation peu enviable. Plus d’une fois, les frasques des héritiers ont fait la manchette des grands médias internationaux (26).

Travailleurs sans droits

L’Arabie Saoudite a un triste bilan en matière de droits des travailleurs étrangers sur son sol. Un grand nombre de personnes en provenance de différents pays se rendent en Arabie Saoudite dans l’espoir d’obtenir un salaire décent. Ces travailleurs migrants sont la plupart du temps relégués aux tâches et emplois que les natifs ne veuillent pas faire : domestique, nourrice, chauffeur ou ouvrier, par exemple. Une fois le nouvel arrivant sur place, il se fait confisquer son passeport et se voit contraint de travailler dans des conditions « inhumaines (1). » Des rapports font état de journées de dix à douze heures de travail récompensés par de maigres salaires qui parfois ne sont pas versés à l’employé. Ces pratiques, sans être la norme, sont une réalité répandue et connue du grand public.  

Il existe une multitude de plaintes pour maltraitance, privation de nourriture ou même pour viol à l’encontre des membres de la famille royale ou de l’aristocratie saoudiennes (4). L’un des cas récents est celui d’un diplomate saoudien accusé d’avoir violé deux employées népalaises à son domicile en Inde. Il a pu quitter le pays sous couvert de l’immunité diplomatique sans être importuné par la justice de son pays et malgré les protestations du gouvernement indien.  

Dans seulement quelques rares cas, des accusations formelles ont été déposées à l’encontre des suspects. Une multitude de rapports d’organisations internationales ont été rédigés sur les abus des travailleurs étrangers. Très peu de plaignantes et plaignants ont eu gain de cause jusqu’à maintenant.

En effet, chaque fois qu’un membre de la famille royale se déplace à l’étranger, il bénéficie de l’immunité diplomatique et n’est donc pas « justiciable ». Il en est de même à l’intérieur du pays, car les tribunaux ne concernent pas la royauté (6). Deux éléments peuvent expliquer ce constat : l’une est religieuse et l’autre économique.

Gardien des lieux saints

L’Arabie Saoudite bénéficie d’un statut singulier au sein du monde musulman. En effet, le royaume renferme en son sein deux des lieux saints les plus importants de la religion musulmane, soit la Mecque et Médine. Cela fait du souverain saoudien le gardien des lieux saints de l’islam, connu jadis sous l’appellation de Gardien des Deux Saintes Mosquées (8). De facto, le souverain assure le rôle du défendeur des lieux saints en plus d’en assurer la préservation. Ce rôle assure une autorité au souverain et à sa famille qu’il est risqué de critiquer.

Au-delà de l’aspect religieux, l’économie est l’autre outil de puissance du royaume. Le pays possède la deuxième plus vaste réserve de pétrole au monde en plus d’en être le second exportateur mondial (9).

La manne pétrolière a fait du royaume le troisième plus grand détenteur de change au monde avec des caisses estimées à 883 milliards de dollars américains. En comparaison, le Canada ne se place que 14e; la France 15e et les États-Unis 18e (10). Les réserves du gouvernement saoudien sont cependant fortement en baisse depuis l’an dernier. La guerre au Yémen, déclenchée au printemps 2015 et qui s’éternise, en serait l’une des principales explications. 

Cet incroyable capital financier donne au pays une puissance qui lui permet de faire la promotion de ses intérêts à travers le monde.

Grâce à cet argent, l’État saoudien fait notamment la promotion du « wahhabisme ». C’est une idéologie religieuse et ultra rigoriste du sunnisme fondée au XVIIIe siècle à partir duquel le pays tire sa légitimité dans le monde musulman (11). L’Arabie Saoudite est le seul pays reconnu par la communauté internationale qui applique le wahhabisme.

Il est important de mentionner que tous les groupes fondamentalistes sunnites tels qu’Al-Qaïda, l’État islamique, Boko Haram, les Talibans et Al-Nosra se revendiquent du wahhabisme. Depuis la fin des années 70, l’Arabie Saoudite a joué un rôle important dans l’essor de ces groupes violents.

Dans les années 80, c’était pour combattre l’Union soviétique pendant la guerre d’Afghanistan en finançant les moudjahidines. Beaucoup de ces mêmes moudjahidines deviendront des cadres talibans qui embrassent le pays aujourd’hui. Plus récemment en Syrie, des groupuscules armés, dont Al Nosra, la branche syrienne d’Al-Qaïda, ont bénéficié de l’aide de riches donateurs saoudiens. Cet appui se fait à la fois de manière financière, mais surtout de manière idéologique. Le pays valide le comportement violent de ces groupes par sa propre pratique de la religion (25). Le royaume impose son autorité et ses châtiments de la même manière que les terroristes : décapitations, lapidations, mutilations de membre.

Pour promouvoir le wahhabisme, les Saoud dépensent d’importantes sommes d’argent pour financer des mosquées, des organisations religieuses ou même des partis politiques à travers le monde (12).

C’est dans le respect de la doctrine wahhabite que le régime saoudien impose un code moral très strict à toute personne vivant dans le pays.

Cela a pour conséquence que les femmes saoudiennes sont parmi les moins libres à travers le globe. Il leur est interdit de conduire un véhicule, de voyager seules, de travailler ou même de s’éduquer sans la permission d’un homme de la famille. La participation des femmes dans la politique, par exemple, est extrêmement faible. Elles ont le droit de voter lors des élections, mais un grand nombre de celles-ci ne peuvent se rendre aux urnes sans le consentement de l’homme de la famille. Pour étayer cet état des faits; lors des élections municipales de décembre 2015, 1,5 million d’hommes étaient attendus dans les bureaux de vote, pour seulement 130 000 femmes (28). La « démocratie » saoudienne reste en somme peu représentative et son pouvoir, limité. « Les conseils municipaux sont les seuls représentants gouvernementaux élus par le peuple. Ils ne sont pas dotés de pouvoirs législatifs, mais ils peuvent conseiller les autorités et aider à la surveillance des budgets. »

La liberté de culte est totalement inexistante. Les chiites, l’autre branche de l’islam, sont persécutés et ne jouissent pas des mêmes droits que leurs coreligionnaires sunnites. D’ailleurs, la pratique de toute autre religion que l’islam est formellement interdite.

Prisonnier d’opinion

Le système judiciaire est excessivement sévère et répressif. Le taux d’exécution est l’un des plus élevés au monde, les flagellations et les décapitations sont choses courantes. Selon Amnistie Internationale, l’Arabie saoudite figure parmi les pays qui exécutent le plus grand nombre de personnes avec la Chine, l’Iran, l’Irak et les États-Unis (13).

Plus près de nous, pendant les derniers mois, les médias ont fait couler beaucoup d’encre sur le cas de Raif Badawi. La conjointe du jeune activiste, craignant d’être arrêtée à son tour, est réfugiée à Sherbrooke avec ses enfants. Pour ceux qui n’ont pas suivi le dossier Badawi en détail, en voici quelques éléments importants. Tout d’abord, il est accusé d’avoir troublé l’ordre public et « d’insulte à l’islam ».

La religion est souvent invoquée comme excuse dans ce pays pour des accusations qui sont purement politiques. Dans les faits, monsieur Badawi est un activiste qui milite pour une libéralisation de la société saoudienne. Il a travaillé activement pour le droit des femmes et pour plus de liberté religieuse.

Le jeune blogueur de 31 ans a été condamné à 10 ans de prison, à une forte amende ainsi qu’à  1000 coups de fouet. Une fois sa peine achevée, il lui sera également interdit de voyager pendant 10 ans (14).

Son avocat a lui aussi été condamné à 15 ans d’emprisonnement et la cofondatrice du site de Raif Badawi, Free Saudi Liberals, a été arrêtée pour un message sur Twitter. (15) Les demandes de la communauté internationale, notamment de cesser les flagellations en raison de la santé fragile de Raif Badawi, sont restées lettre morte.

Selon Ensaf Haidar, l’épouse du militant, les tribunaux saoudiens veulent faire un nouveau procès contre son époux pour apostasie. En vertu de l’interprétation wahhabite de la justice saoudienne, l’apostasie est un crime passible de la peine de mort (16).

Le cas de monsieur Badawi, n’est malheureusement pas la seule condamnation outrancière. Le jugement à mort du manifestant Ali Mohammed Baqir al-Nimr, 21 ans, a fait couler beaucoup d’encre (17). Ce jeune homme est accusé d’avoir « participé à des manifestations contre le gouvernement, en attaquant les forces de sécurité, de possession d’une mitrailleuse et de vol à main armée ». Des accusations très difficilement vérifiables, tant un nombre important de ses droits juridiques n’ont pas été respectés en détention. Ce qui rend cette condamnation encore plus controversée, c’est que l’accusé n’avait que 17 ans au moment des faits. L’accès à son avocat lui a été régulièrement refusé. De plus, son avocat n’a en outre pas été mis au courant des dates d’audiences de son client. Il n’a pas plus été possible pour ce dernier de contre-interroger les témoins.

Le 27 mai 2014, il sera condamné à mort par « décapitation et crucifiement, son corps étant ensuite exposé publiquement jusqu’à pourrissement de ses chairs » (29)La condamnation sera ratifiée un peu plus tard par le roi Salmane, jusque-là en attente de validation.

Difficile de ne pas voir en cette condamnation, un motif d’ordre politique destiné à envoyer un message fort aux opposants du régime. L’oncle du jeune homme, un fervent dissident politique a aussi eu droit au même verdict. Il sera accusé de « recherche d’ingérence étrangère », sans que les preuves soient publiées publiquement.

Le 2 janvier 2016, ce dernier a été exécuté en plus de 47 autres personnes. Cette exécution a accentué les tensions déjà très vives entre chiites et sunnites. À l’annonce de l’exécution du dignitaire, des milliers de chiites ont marchés dans la colère dans plusieurs pays, dont l’Inde, le Bahreïn, l’Irak et plus violement en Iran. En Iran, puissance chiite de la région, des manifestants en colère ont vandalisé l’ambassade saoudienne. Peu de temps après cet incident, le royaume wahhabite rompait toutes ses relations avec Téhéran. Une nouvelle escalade de la tension, dans une région déjà très fragile.

Double discours

Le bilan du pays en matière des droits de l’homme est catastrophique. Pour toutes ces raisons réunies, la nomination de ce pays à la tête du Conseil des droits de l’homme pose problème.  Rien n’indique pour le moment un futur changement d’attitude de nos politiques vis-à-vis du régime. Les considérations économiques l’emportent sur les préoccupations humanitaires. Le gouvernement saoudien signe des contrats d’armement sans problème, notamment avec le Canada, pour une valeur de 15 milliards de dollars (19). Ses délégations diplomatiques sont reçues en grande pompe dans toutes les grandes capitales sans jamais être questionnées. L’inaction de la communauté internationale peut laisser pantois et se résumer en une forme de duplicité tacite. 

(1) Figaro, 18 novembre 2013, « Les effroyables conditions de travail des ouvriers migrants au Qatar » : http://www.lefigaro.fr/international/2013/11/18/01003-20131118ARTFIG00429-les-effroyables-conditions-de-travail-des-ouvriers-migrants-au-qatar.php

(2) Rapport 2014-15 et vue d’ensemble sur l’Arabie saoudite d’Amnesty International : Https://www.amnesty.org/fr/countries/middle-east-and-north-africa/saudi-arabia/

(3) Rapport général sur les doits de l’homme en Arabie saoudite, par Human Rights Watch https://www.hrw.org/fr/middle-east/n-africa/saudi-arabia

(4) Humans Rights Watch, rapport du 8 juillet 2008 sur les conditions des travailleurs étrangers en Arabie Saoudite. Le rapport inclus également le témoignage de Ponnamma S., une travailleuse domestique d’origine sri-lankaise : https://www.hrw.org/fr/news/2008/07/08/arabie-saoudite-les-travailleuses-domestiques-sont-confrontees-de-graves-abus

(5) Atlantico, du 11 mai 2015, « L’Arabie saoudite accusée de sévices à grande échelle sur des travailleurs sans-papiers» : http://www.atlantico.fr/pepites/arabie-saoudite-accusee-sevices-grande-echelle-travailleurs-sans-papiers-2137439.html

(6) Le Figaro, 17 septembre 2015, «Viols: le diplomate saoudien a quitté l’Inde» : http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2015/09/17/97001-20150917FILWWW00018-viols-le-diplomate-saoudien-a-quitte-l-inde.php

(7) Voir le site de l’organisation de Coopération islamique http://www.oic-oci.org/oicv2/home/?lan=fr

(8) Aperçu historique du rôle de Gardien des deux saintes mosquées : https://fr.wikipedia.org/wiki/Chérif_de_La_Mecque

(9) Connaissance des énergie, 15 juin 2015, « L’Arabie saoudite possède les plus importantes réserves de pétrole au monde » : http://www.connaissancedesenergies.org/l-arabie-saoudite-possede-les-plus-importantes-reserves-de-petrole-au-monde-131029

(10) Réserve de change et son rôle dans l’économie contemporaine : https://fr.wikipedia.org/wiki/Réserves_de_change

(11) Article historique sur la doctrine wahhabite : http://www.cosmovisions.com/$Wahhabisme.htm

(12) La Presse, 18 octobre 2015, « L’Arabie saoudite cultive l’héritage du wahhabisme » : http://www.lapresse.ca/international/moyen-orient/201510/18/01-4911163-larabie-saoudite-cultive-lheritage-du-wahhabisme.php

(13) Rapport 2014 d’Amnesty International sur la peine de morts dans le monde : https://www.amnesty.ch/fr/themes/peine-de-mort/docs/2015/peine-de-mort-2014

(14) Rapport sur Raïf Badawi d’Amnesty International http://www.amnistie.ca/site/torture/agissezRaif.php

(15) Front Line Defenders, Fondation Internationale pour la protection des défenseurs des droits humains, dossier sur Raïf Badawi : https://www.frontlinedefenders.org/fr/taxonomy/term/14768

(16) France24, 11 mars 2015, « Le blogueur saoudien Raïf Badawi risque la peine de mort» : http://www.france24.com/fr/20150303-blogueur-saoudien-raif-badawi-pourrait-etre-condamne-peine-mort-apostasie

(17) Dossier sur Ali Mohammed Baqir Al-Nimr, d’Amnesty International : http://www.amnistiepdm.org/arabie-saoudite—ali-mohammed-baqir-al-nimr.html

(18) BBC, 15 octobre 2015, « Saudi Shia cleric Nimr al-Nimr ‘sentenced to death » : http://www.bbc.com/news/world-middle-east-29627766 (version anglaise)

(19) Le nouvel obs, 23 décembre 2015, «L’Arabie Saoudite au Conseil des droits de l’homme de l’ONU : la colère est légitime » : http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1426256-l-arabie-saoudite-au-conseil-des-droits-de-l-homme-de-l-onu-la-colere-est-legitime.html

(20) Site web officel de l’Organisation des nations unies : http://www.un.org/fr/rights/overview/rsgt.shtml

(21) La Presse, 16 mard 2015, « Chine: «pire bilan en matière de violations des droits de l’Homme » : http://www.lapresse.ca/international/asie-oceanie/201503/16/01-4852447-chine-pire-bilan-en-matiere-de-violations-des-droits-de-lhomme.php

(22) Jeune Afrique, 19 novembre 2012, « Côte d’Ivoire : l’armée coupable d’exactions généralisées, selon un rapport de HRW» : http://www.jeuneafrique.com/173388/politique/c-te-d-ivoire-l-arm-e-coupable-d-exactions-g-n-ralis-es-selon-un-rapport-de-hrw/

(23) La Croix, 23 janvier 2015, « En Arabie saoudite, « un mode de succession problématique » : http://www.la-croix.com/Actualite/Monde/En-Arabie-saoudite-un-mode-de-succession-problematique-2015-01-23-1272093

(24) Le Fiagro, 17 seprembre 2015« Viols: le diplomate saoudien a quitté l’Inde» : http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2015/09/17/97001-20150917FILWWW00018-viols-le-diplomate-saoudien-a-quitte-l-inde.php

(25) Le Point, 26 août 2014, « Terrorisme : l’Arabie saoudite coupable » : http://www.lepoint.fr/editos-du-point/michel-colomes/terrorisme-l-arabie-saoudite-coupable-26-08-2014-1856556_55.php

(26) Nouvelobs, 31mars 2013, «Maha Al-Sudaïri : Princesse martyre du luxe parisien» : http://o.nouvelobs.com/people/20130331.OBS6296/maha-al-sudairi-princesse-martyre-du-luxe-parisien.html

(27) Les Echos, 8 août 2015, «A Cannes, la manne saoudienne fait le bonheur des commerçants» : http://www.lesechos.fr/01/08/2015/lesechos.fr/021240740933_a-cannes–la-manne-saoudienne-fait-le-bonheur-des-commercants.htm#

(28) Radio-Canada, 13 décembre 2015, «20 femmes élues pour la première fois en Arabie saoudite» : http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/international/2015/12/13/002-arabie-saoudite-femme-election-elue-premiere-fois.shtml

(29) Le Figaro, 23 septembre 2015, «L’Arabie saoudite va décapiter et crucifier un chiite de 21 ans» : http://www.lefigaro.fr/international/2015/09/22/01003-20150922ARTFIG00250-l-arabie-saoudite-va-decapiter-et-crucifier-un-chiite-de-21-ans.php

Le viol d’enfants par des militaires en Centrafrique

Le viol d’enfants par des militaires en Centrafrique

En mai dernier, le parquet de Paris annonçait l’ouverture d’une enquête faisant suite à des allégations de viols d’enfants par des soldats français mobilisés dans le cadre d’une mission de paix en Centrafrique (1). Les faits se seraient déroulés entre décembre 2013 et juin 2014 près de l’aéroport de Bangui, dans le camp de réfugiés de Mpoko. Or, ce n’est qu’en avril dernier que le journal britannique The Guardian faisait écho de l’affaire, relayant l’information obtenue par un employé des Nations unies qui a préféré rester anonyme. Ce rapport confidentiel, tenu secret par les plus hautes instances onusiennes, fait état de viols commis par des soldats en service lors d’une opération militaire menée par la France (2). Cet évènement particulier met en lumière une problématique générale ayant trait au statut d’une mission de paix dans le contexte d’une intervention militaire. Se pose dès lors la question de la nature d’une telle mission de paix impliquant des soldat(e)s dont le métier est de combattre.

La France en République centrafricaine

La mission Sangaris est née en décembre 2013 sur l’initiative du gouvernement français suite à une résolution du conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (ONU), qui se disait « profondément préoccupé par la détérioration de la situation humanitaire en République centrafricaine et par le fait que l’accès aux organismes humanitaires soit réduit en conséquence de l’insécurité accrue et des agressions contre le personnel humanitaire » (3). Cautionnée par la résolution 2127 du conseil de sécurité, la mission Sangaris devait « apporter la sécurité, rétablir la stabilité en Centrafrique et protéger la population », soulignait pour sa part François Hollande dans une déclaration en date du mois de décembre 2013 (4).

Après bientôt deux ans d’opérations militaires et de support logistique à la mission internationale de soutien à la Centrafrique (MISCA), à laquelle participent des soldats venant du Gabon, du Cameroun et du Tchad, la France amorce un retrait progressif du  pays d’ici la fin de l’année 2015 (5). On évoque une démobilisation militaire de la France, qui passe le relais aux forces de sécurité intérieures directement sous le contrôle de l’ONU (6). L’affaire des viols d’enfants en République centrafricaine est pourtant loin de connaître son dénouement, comme en témoigne la vitesse à laquelle les choses ont évolué depuis l’annonce du scandale.

Le 22 juin dernier, une magistrate canadienne, Marie Deschamps, est nommée pour enquêter non pas sur les accusations de viols mais sur la gestion de l’ONU de cette affaire devenue internationale. On reproche aux Nations unies, entre autres choses, d’avoir sanctionné un fonctionnaire ayant fait couler l’information auprès du gouvernement français sans l’autorisation de ses supérieur(e)s hiérarchiques et « au mépris des procédures» (7) habituelles. Celui-ci aurait cherché à étouffer un éventuel scandale susceptible de ternir l’image de l’armée française, selon le porte-parole adjoint de l’ONU, Monsieur Farhan Haq. Une autre version prétend, au contraire, que le fonctionnaire exaspéré aurait agi pour contester l’inaction des autorités onusiennes (8). Tandis que l’affaire fait grand bruit à l’échelle internationale, la République centrafricaine continue de s’entredéchirer dans une guerre qui paraît interminable dans laquelle semble se rejouer l’histoire des conflits passés.

Les guerres en Centrafrique

La République centrafricaine a connu pas moins de trois guerres civiles au cours des dix dernières années. La première remonte à 2004, un an après l’arrivée au pouvoir de François Bozizé et de son gouvernement hostile à la minorité musulmane du pays. C’est à l’occasion d’un voyage à l’étranger du président de l’époque, Ange-Félix Patassé, que Bozizé s’est autoproclamé président en promettant la tenue d’élections démocratiques dès le mois de février de l’année suivante (9). On constate alors des irrégularités qui viennent ternir l’image de cette démocratie émergente; par exemple, des hommes armés auraient fait irruption dans les bureaux de scrutins afin que « les démarches de dépouillement se déroulent sous leur contrôle » (10). Signe de la fragilité d’un État miné par des conflits que nourrissent les tensions religieuses, Bozizé sera à son tour renversé en mars 2012 par une organisation de confession musulmane, la Séléka, nouvellement créée par le général Michel Djotodia. Formé en tant que militaire, Djotodia est chef de l’Union des forces démocratiques pour le rassemblement des membres de la Séléka (UFDR), une organisation composée des forces politiques rebelles opposées au président Bozizé. La Séléka et ses différentes filières seraient soutenues par certains pays voisins tels le Tchad et le Soudan, qui profitent de la porosité des frontières pour s’approvisionner en armes, en pétrole et en équipements (11).

C’est dans ce climat de tension opposant la minorité musulmane au sein de la Séléka et des milices paysannes favorables au président Bozizé (nommées les anti-balaka), que le pays va d’affrontement en affrontement. Pendant ce temps, la situation s’envenime sans qu’une entente durable semble être envisageable à courte échéance. Des milices de défense chrétienne répondent aux exactions perpétrées par les membres de la Séléka, ce qui envenime les tensions religieuses déjà vives au sein d’une population ravagée par la famine. À cela s’ajoutent les violations des droits de l’Homme liées au recrutement d’enfants soldats parmi les milices locales et au déplacement des populations civiles en zones périphériques de la République centrafricaine (12).

C’est dans ce contexte que plusieurs gouvernements, dans un communiqué en date de 2012, manifestent leur inquiétude face à la situation actuelle en République centrafricaine, évoquant la possibilité d’un conflit susceptible de dégénérer en génocide si aucune intervention n’est envisagée dans les plus brefs délais (13). On organise une coalition entre la France et plusieurs pays africains pour entreprendre une mission de pacification en Centrafrique avec l’aval du conseil de sécurité des Nations unies.

Se pose dès lors la question de la nature d’une telle mission entérinée par l’ONU et menée par des militaires de formation. Une armée nationale dont le mandat est de neutraliser la menace peut-elle effectuer un travail d’assistance auprès des civils? Est-il possible de parler d’une mission de pacification dans un contexte où sont recrutés des soldat(e)s rompu(e)s au maniement des armes, aux tactiques militaires de combat et à l’usage de la force en situation de guerre? Puisque la majorité des soldat(e)s participant aux missions de l’ONU sont issu(e)s d’armées nationales, il convient en effet de s’intéresser à la mentalité prévalant chez les militaires afin de bien se positionner sur le sujet.

L’assistance contre la puissance

Des chercheurs(euses) telles que Raewyn Connell (2009) et Frank Barrett (1996) (14) parlent d’une culture, au sein des armées traditionnelles, qui met de l’avant des valeurs de courage, de force physique et de virilité inculquées aux soldat(e)s (15).. Il s’agit de les former en vue d’opérations consistant à détruire l’adversaire (16). Toutefois, ces valeurs s’inscrivent en faux contre l’idéal d’entraide prôné dans le cadre des missions humanitaires venant au secours de populations victimes de guerres. Une mission de pacification mobilisant des individus entraîné(e)s pour tuer brouille la distinction entre une intervention de type humanitaire et une opération proprement militaire. La politicologue Sandra Whitworth, professeure à l’Université York de Toronto, s’est d’ailleurs intéressée à l’impact des valeurs militaires des soldat(e)s canadien(ienne)s intervenant dans le cadre de missions de paix à travers le monde.

Comment des militaires à qui l’on demande de faire un travail d’assistance humanitaire pour lequel ils n’ont pas été formé(e)s vivent-ils le choc entre ces deux mondes de valeurs? De l’aveu des militaires eux-mêmes, les valeurs guerrières promues par l’armée entrent en contradiction directe avec ce qu’implique une mission de type humanitaire. Ainsi, si l’entraide est incompatible avec le recours aux armes dans le cadre d’une telle mission, la formation reçue par les militaires ne les prépare pas entièrement à leurs tâches sur le terrain. L’aide apportée aux populations éprouvées par les ravages de la guerre tient en effet beaucoup de l’intervention sociale, un domaine rarement pris en charge par des militaires de profession. D’ailleurs, la réaction que suscitent parfois les opérations d’assistance ou de pacification auprès des soldat(e)s de formation abonde en ce sens : « [d]ans la culture militaire traditionnelle, les missions de paix sont souvent ridiculisées ou discréditées; très nombreuses depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, le prestige de celles des Casques bleus n’y est cependant pas associé car la majorité des jeunes hommes qui sont déployés dans ces missions sont entraînés au combat » (17).

On se trouve dès lors devant une situation difficile à tirer au clair puisqu’elle contredit les idées reçues à propos de l’ONU, les méfaits dont on accuse certain(e)s militaires venant ternir l’image des Nations unies en plus de renforcer les préjugés souvent reliés au métier de soldat(e). Les accusations de viols dans un contexte de guerre ne disculpent pas les Casques bleus, lesquels ont été le plus souvent associés à une image de respectabilité qui perdure à travers le temps. Cependant, une sensibilité plus grande de la communauté internationale aux questions soulevées plus haut n’est pas sans conséquence sur leur perception par le commun des mortels. En effet, cela pourrait mener à un éventuel « désengagement des nations par rapport aux opérations de maintien de la paix et à une hésitation des pays en difficulté à faire appel à des troupes onusiennes » (18), note Johanne Bournivale, stagiaire et chercheuse au sein des Forces armées canadiennes. 

Toute cette problématique met en lumière le défi organisationnel d’une instance telle que l’ONU et, plus particulièrement, celui des missions de paix engageant des soldats dont le métier est de combattre le feu par le feu. C’est ce dont discute la politicologue Marie Saiget dans un livre intitulé L’ONU face aux violences sexuelles de son personnel (19). L’ouvrage porte sur les défis auxquels l’ONU doit faire face à la lumière des accusations d’inconduites sexuelles chez les soldat(e)s engagé(e)s dans des missions de paix. Le postulat selon lequel les Casques bleus sont censés protéger les gens renforcerait, dit-elle, l’absence de présomptions entourant les militaires mobilisé(e)s dans le cadre de telles missions : « Cette force de légitimation basée sur l’argument « les protecteurs, ce sont eux » expliquerait en partie l’occultation de ces questions, et le fait qu’elles n’aient pas été intégrées à la réflexion plus générale des opérations de maintien de paix » (20). L’auteure parle de 1458 accusations de méconduites sexuelles impliquant des Casques bleus depuis 2003, « année à partir de laquelle le phénomène fait l’objet d’études statistiques internes » (21). Ces méconduites vont de la sollicitation en vue d’obtenir des services sexuels à la traite d’êtres humains en passant par les agressions sexuelles sur des personnes d’âge mineur. Le retentissement de telles accusations vient démentir l’irréprochabilité des missions conduites par l’ONU; cela expliquerait le retentissement de l’affaire des viols en Centrafrique, qui n’est qu’un cas parmi tant d’autres, comme en témoigne l’ouvrage de Saiget. Cependant, bien d’autres missions menées par les Casques bleus se sont déroulées sans qu’en découlent des inconduites ou accusations aussi accablantes que celles reliées à la Centrafrique. On n’a qu’à penser à la force de maintien de la paix des Nations unies menée par le général Roméo Dallaire en 1994 pendant le génocide rwandais, alors qu’il était commandant de la Mission des Nations unies pour l’assistance au Rwanda (MINUAR). Ici, ce sont plutôt les soldat(e)s qui, n’ayant pu intervenir militairement, sont ressortis bouleversé(e)s et traumatisé(e)s de cette opération d’assistance. Ainsi, au paradoxe d’une mission humanitaire faisant usage de la force là où de l’assistance est requise s’ajoute donc celui d’une armée témoin de massacres face auxquels elle demeure impuissante. 

Les Nations unies, une organisation trouble

L’ONU est une organisation complexe qui est soumise au double dilemme de l’impuissance humanitaire et de la puissance militaire dans un jeu de pouvoir dont il est difficile de trouver le juste équilibre. Cela complexifie le rôle joué par un tel acteur politique qui prête facilement le flanc à la critique. Mais l’on assiste, depuis le début des années 2000, à une augmentation des dossiers incriminant des soldat(e)s d’inconduites sexuelles ou de violences infligées aux populations civiles. C’est ce que rapportent régulièrement des organismes non gouvernementaux, en déplorant le fait que l’ONU cherche trop souvent à étouffer les affaires susceptibles de porter atteinte à son intégrité morale. On a affaire à une organisation qui entretient le flou sur son statut véritable lorsqu’elle se retrouve en zone de guerre –ni armée, ni force de répression, ni agent de paix.

D’autres dénoncent aussi le fait qu’elle fasse passer ses intérêts politiques avant ceux des populations éprouvées par la guerre. C’est notamment de ce que soutient Florent Geel, responsable du bureau africain de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), reprochant aux Nations unies « d’éviter de dénoncer certains crimes pour éviter de gêner les négociations de paix » (22). Certes, l’ONU n’est pas une armée au sens conventionnel du terme. C’est pour cela que les allégations de viols font grand bruit; elles concernent une organisation dont le rôle est d’assurer la sécurité même si les lois de la guerre refont parfois surface dans ses rangs. La dure réalité politique rattrape la justesse des principes défendus par une organisation dont la réputation demeure fragile. La légitimité de la force employée implique une colonisation du militaire et des valeurs guerrières au détriment de la pureté des principes défendus.

Vouloir préserver l’irréprochabilité du militaire dans un contexte de guerre contient le risque de masquer les violences perpétrées en silence par ceux et celles censé(e)s assurer la paix. En découle le paradoxe du droit du plus fort dans lequel la force ne fait pas le droit mais perpétue la domination sous le couvert d’une justice qui porte bien mal son nom.

Le 7 juillet dernier, Paris annonce l’envoi de deux magistrats chargés de mener l’enquête sur les viols dont sont soupçonnés 14 militaires(23). Cela fait suite à l’annonce du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian stipulant que l’affaire n’est plus traitée à l’interne par les hautes instances militaires mais prises en charge par la justice française (24). Cela coïncide avec le retrait progressif d’une mission française dont le bilan reste à faire.

(1) http://www.francetvinfo.fr/monde/centrafrique/militaires-accuses-de-viol…

(2) http://www.metronews.fr/info/centrafrique-1600-soldats-francais-sur-le-p…

(3) http://daccess-dds-ny.un.org/doc/UNDOC/GEN/N13/594/44/PDF/N1359444.pdf?O…

(4) http://www.defense.gouv.fr/operations/centrafrique/dossier-de-presentati…

(5) http://la-nouvelle-gazette.fr/la-france-amorce-son-retrait-de-centrafriq…

(6) http://www.centrafriquelibre.info/?p=17180

(7) http://www.lemonde.fr/afrique/article/2015/04/30/ce-que-l-on-sait-de-sou…

(8) http://www.afrik.com/viols-en-centrafrique-l-onu-ouvre-une-enquete-la-fr…

(9) http://www.panapress.com/Les-elections-auront-lieu-aux-dates-indiquees,-…

(10) Frère, Marie-Soleil, Élections et médias en Afrique centrale. Voix des urnes, vois de la paix?, Paris, éditions Karthala, 2009, p.47.

(11) http://www.lemonde.fr/international/visuel/2013/12/20/carte-pourquoi-la-…

(12) http://www.unhcr.fr/520a3bc7c.html

(13) http://www.leparisien.fr/international/laurent-fabius-la-centrafrique-es…

(14) Connell, Raewyn, «Gender politics» in Gender in world perspective, Malden, Polity press, 2009

(15) Voir Connell, Raewyn, «Gender politics» dans Gender in world perspective, Malden, Politiy press, 2009 (Connell est chercheuse australienne et professeure à l’université de Sydney)

Voir aussi Barrett, Frank J. 1996. ‘Gender strategies of women naval officers’, in Women’ s Research and Educatioll Institute: Conference on Women in Uniformed Services. Washington, DC (Barrett est professeur de management et politique publique à la Naval Postgraduate School à Monterey, Californie)

(16) Voir Connell, Raewyn, «Gender politics» in Gender in world perspective, Malden, Polity press, 2009. Et Barrett, J. Frank, «The organizational construction of hegemonic masculinity : the case of US navy» in Gender, Work and organization, V.3 N.3, 1996.

(17) Whitworth, Sandra, MILITARIZED MASCULINITIES AND THE POLITICS OF PEACEKEEPING: THE CANADIAN CASE, Boulder, CO: Lynne Rienner Publishers, 2005, p.91

(18) http://www.cfc.forces.gc.ca/259/290/296/286/Bournival.pdf

(19) Saiget, Marie, L’ONU face aux violences sexuelles de son personnel, Paris, L’Harmattan, 2012.

(20) Saiget, Marie, L’ONU face aux violences sexuelles de son personnel, Paris, L’Harmattan, 2012, p.25

(21) Ibid., p.25

(22) http://www.lemonde.fr/afrique/article/2015/04/30/accusations-de-viols-en…

(23) http://www.liberation.fr/monde/2015/07/07/accusations-de-viols-en-centra…

(24) http://centrafrique-presse.over-blog.com/2015/07/soldats-francais-accuse…