par Susana Ponte Rivera | Juin 15, 2020 | Feuilletons
« No voy a colgar. Je ne vais pas raccrocher. Je vais laisser les minutes s’écouler pour que tu sois pénalisée et je donnerai une mauvaise évaluation de ton travail pour que tu sois congédiée. » Maria n’avait jamais imaginé qu’un·e client·e du centre d’appel lui parlerait ainsi, ni qu’elle vivrait du racisme en travaillant dans un centre d’appel en Espagne. « Porque la gente no me ve, pero me escucha. Esto no me lo había imaginado. Parce que les gens ne me voient pas, mais ils m’entendent. Je n’y avais pas pensé avant que ça m’arrive. Il n’est pas rare que mes collègues d’Amérique latine et moi recevions des commentaires xénophobes et racistes. Sauf les Dominicains, car les clients pensent qu’ils sont Espagnols ».
Maria n’a pas toujours travaillé dans des centres d’appel. Au contraire, rien dans son parcours ne la préparait à cette éventualité. En 1998, elle s’installait à Montréal pour entreprendre une maîtrise en sciences sociales. Avant son arrivée, elle n’envisageait pas que son projet de recherche porterait sur l’immigration mais sa propre expérience d’immigrante lui a donné envie d’étudier ce phénomène social. C’est à contrecœur qu’elle a été obligée d’abandonner sa maîtrise en raison des frais de scolarité exorbitants. Étudiante étrangère sans bourse, elle ne pouvait plus assumer une facture de frais de scolarité qui, session après session, s’élevait à 6 fois plus que celle de ces collègues d’études québécois·e·s2. Elle décide de rester à Montréal pour y travailler en intervention sociale auprès de familles immigrantes. Elle savait qu’elle devrait travailler bénévolement afin d’acquérir la famosa experiencia canadiense, la fameuse expérience canadienne sans laquelle il est très difficile pour les personnes immigrantes d’accéder à un travail rémunéré. Quand je demande à Maria où elle a entendu parler de l’importance d’avoir de l’expérience canadienne, elle me répond qu’elle ne s’en souvient pas. « Peut-être dans mes séminaires universitaires sur l’immigration. Es que es …como algo que está en el aire. C’est, comment dire …quelque chose qui est dans l’air. »
En attendant d’obtenir son permis de travail, Maria souhaitait se rendre utile auprès des familles immigrantes en difficulté et, en même temps, acquérir l’expérience canadienne. Elle s’est donc réjouie en lisant, dans un journal de quartier, l’avis de recrutement de bénévoles d’un organisme communautaire œuvrant surtout auprès d’immigrant·e·s hispanophones. Après un entretien durant lequel la directrice de l’organisation la questionne sur ses expériences antérieures en lien avec ses tâches éventuelles et sa motivation à s’engager dans l’organisme, Maria est sélectionnée. Détentrice d’une licence en sciences sociales3, familière avec les questions migratoires et trilingue (français, anglais et espagnol), il faut dire qu’elle a « la gueule de l’emploi ». En septembre 1999, Maria commence son bénévolat à raison de 8 heures par semaine. Puis, à partir de novembre, pendant l’absence de la travailleuse sociale, Maria s’occupe de l’accueil et de l’intervention sociale. Quatre mois plus tard, quand la travailleuse sociale démissionne, c’est à Maria que le poste est offert.
« Je travaillais 35 heures par semaine et recevais un taux horaire de 10$4. J’étais payée en dessous de la table car je n’avais toujours pas de permis de travail. À partir de 2001, je travaillais 40 heures par semaine. À titre d’intervenante sociale, j’accompagnais les familles et individus en difficulté, je concevais et animais des ateliers de groupe. De plus, je m’occupais de la recherche de financement, de la rédaction des demandes de subvention et des rapports aux bailleurs de fonds. Toujours à titre d’employée de l’organisme, trois jours par semaine, j’occupais le poste d’agente de liaison dans une école primaire publique où je rencontrais les élèves immigrant·es, leurs parents et les enseignants qui éprouvaient des difficultés. Le fait de travailler sans permis et sans déclarer mes revenus me préoccupait. Je ne voulais pas travailler en dessous de la table, mais sinon j’aurais fait comment pour réunir les sommes nécessaires pour demander la résidence permanente5? »
Suivant les conseils d’un avocat en immigration, la directrice rédige une promesse d’embauche pour Maria, qui mènera à l’obtention du tant attendu permis de travail. Elle pourra finalement entamer les procédures pour sa résidence permanente, qui lui sera délivrée en janvier 2002.
Le mois suivant, son salaire est augmenté à 15$ et sa semaine de travail passe à 38 heures et demie. Cependant, la charge de travail étant très élevée, Maria travaille toujours entre 43 et 45 heures. Parfois, elle peut reprendre ces heures, mais, chaque mois, une vingtaine d’heures ne lui sont pas payées. Je ne souligne pas que d’après la Loi sur les normes du travail, les heures travaillées au-delà d’une semaine de 40 heures auraient dû lui être payées en temps et demi. À quoi bon puisqu’elle habite maintenant en Espagne?
« Est-ce que tu sentais que tu avais une dette envers l’organisme qui t’avait appuyée dans tes démarches pour obtenir ta résidence permanente? » « Pas du tout. Yo sabia cuanto valia mi trabajo. Je savais combien valait mon travail. Le problème était ailleurs. La directrice s’attendait à ce que je sois aussi dévouée qu’elle. Elle me faisait constamment pression, par exemple pour que je représente l’organisme lors d’événements qui avaient lieu après ma journée de travail et sans que ces heures me soient payées. Sa vie, c’était l’organisme, elle ne comptait pas ses heures et souhaitait que j’en fasse autant. C’était difficile pour moi de dire non. »
Les longues heures de travail de Maria l’exténuent et la pression augmente pour qu’elle prenne de plus en plus de responsabilités sans que sa rémunération soit majorée pour autant. Elle démissionne afin d’éviter un épuisement dont elle commence à sentir les effets. La charge émotionnelle de son travail d’intervenante sociale – profession où les femmes sont largement surreprésentées – n’a peut-être pas aidé Maria. Elle prend des vacances en Espagne pour se reposer et visiter sa parenté, qui a émigré en Espagne quelques années plus tôt.
En raison d’un « giro inesperado de los hechos », une tournure inattendue des événements, elle décide de rester en Espagne où elle répétera l’expérience d’effectuer du travail gratuit dans le but de se trouver un travail rémunéré à deux reprises. Son expérience montréalaise aura donc structuré sa manière de chercher du travail. « Je l’ai presque fait une quatrième fois, ironise-t-elle. J’ai apporté mon c.v. dans un organisme pour faire du bénévolat. Un processus de sélection pour un remplacement de congé de maternité était en cours et j’ai été embauchée pour la durée du congé de la travailleuse. Il n’y a pas eu d’autres postes à combler depuis. »
Dans ses expériences de bénévolat, dans trois organismes communautaires et dans deux pays, Maria sentait que sa contribution aux organismes et aux personnes qu’elle accompagnait était importante. Dans sa dernière expérience bénévole, Maria occupe un poste d’intervenante sociale mais auprès d’Espagnol·e·s. C’est la première fois dans sa vie professionnelle d’intervenante sociale, rémunérée ou pas, qu’elle n’est pas embauchée pour œuvrer auprès de personnes immigrantes ou racisées. Elle me raconte que son travail était apprécié et qu’elle pouvait mettre à profit ses compétences en intervention auprès de personnes natives. Je me suis toujours demandée ce qu’elle entendait par là. Pensait-elle qu’étant une femme immigrante racisée elle ne serait pas embauchée comme intervenante sociale pour travailler auprès de la population espagnole et très majoritairement blanche, que son expertise serait reconnue seulement pour travailler auprès d’autres immigrant·e·s? Je ne le saurai jamais puisque je ne le lui ai pas demandé. Je ne trouve pas toujours facile d’interrompre une personne qui me raconte une période pénible de sa vie.
Maria a poursuivi son rêve de compléter des études supérieures. Après avoir obtenu une maîtrise en sciences sociales tout en travaillant en intervention sociale, elle entreprend un doctorat, qui en est désormais à l’étape finale. Le monde du travail ne lui sourit pas pour autant. Son diplôme universitaire de premier cycle n’étant pas reconnu en Espagne, elle ne pourra solliciter des postes de professeure dans les universités espagnoles. « Pour que mon bac soit homologué, je devrai envoyer tous mes documents officiels à une université espagnole. Mon dossier sera analysé et le fonctionnaire qui étudiera mes papiers décidera, selon son humeur, si je dois passer un examen ou plusieurs. Tout ça après avoir complété une maîtrise et sous peu un doctorat dans ce pays! ¿Te das cuenta? Tu te rends compte? Et ça coûte de l’argent! Me revoilà donc en train de travailler dans un centre d’appel. Tout ça pour éventuellement étudier des choses que je sais déjà » dit-elle, visiblement découragée.
Paradoxalement, la formation en sciences sociales de Maria lui permet d’analyser les causes structurelles de sa situation, notamment la crise en Espagne, la néolibéralisation des politiques sociales, le sexisme, la xénophobie sans parler du racisme ordinaire. Au sujet de son quotidien, Maria dit : « En Espagne, je suis devenue une femme racisée et suis perçue comme une femme pauvre même si dans mon pays d’origine, je ne l’étais pas. Depuis que je suis arrivée c’est continuel. Ici, je dois toujours expliquer qui je suis, todo el tiempo, tout le temps. C’est comme si j’étais une imposteure, car les gens pensent que je suis une aide familiale, que j’habite avec une personne âgée malade et que j’en prends soin. Quand j’explique que je suis en train de terminer mon doctorat, ils sont surpris, déstabilisés. »
« Bien sûr, la stratégie du bénévolat m’a été utile, mais depuis mon contrat pour le remplacement du congé de maternité je n’ai plus trouvé de travail en intervention sociale », ajoute-t-elle. La crise sociale que l’Espagne vit depuis 2008 et les mesures d’austérité qui s’ensuivirent ont eu de graves conséquences sur ses employeurs potentiels, les organismes et associations communautaires. Rien pour aider une femme immigrante et racisée au chômage.
Sur la nécessité de faire du bénévolat pour travailler dans son domaine, la position de Maria est nuancée. Sa position de privilège, me raconte-t-elle, lui a permis de ne pas avoir de revenu car elle était financièrement soutenue, de manière intermittente à Montréal et plus tard en Espagne, par sa famille demeurée dans son pays d’origine ou par son conjoint. « J’ai donc pu me permettre, por asi decirlo, façon de parler, d’être bénévole pour ma réalisation professionnelle et en pensant à mon avenir. » Je lui demande si elle conseillerait cette stratégie à des immigrantes à la recherche de travail à Montréal. Elle prend son temps avant de répondre. « Es una arma de doble filo, c’est une arme à double tranchant. Tu obtiens un bénéfice, une ligne sur le c.v., mais si le gouvernement sélectionne des personnes qualifiées pour émigrer, pourquoi leur expérience n’est-elle pas reconnue? Mais je ne sais pas … j’opterais pour le bénévolat. Comme la stratégie a fonctionné pour moi à trois reprises, je l’utiliserai encore si nécessaire. Alors ça devient un dilemme moral, de convictions, de luttes personnelles parce que tu fais le jeu du système même si tu sais que c’est injuste. »
Esta en el aire, c’est dans l’air le bénévolat pour acquérir l’expérience canadienne mais c’est aussi sur le site web du gouvernement canadien sous la rubrique « Commencez votre vie au Canada » : « donner bénévolement de votre temps est un excellent moyen : de rencontrer des gens, de participer à la vie de votre collectivité et d’acquérir de l’expérience de travail au Canada6 ». Selon le gouvernement québécois, c’est sous le registre de l’altruisme qu’il faut comprendre le bénévolat. « L’action des bénévoles est généreuse, noble. La plupart du temps, elle est également silencieuse. » Ou encore « Les bénévoles ne cherchent pas les honneurs, mais il importe de reconnaître leur engagement et leur dévouement7. » Peut-être que certain·e·s bénévoles cherchent tout simplement du travail payé.
Après avoir interrompu la rédaction de sa thèse pour travailler dans un centre d’appel pendant 8 mois, Maria a repris l’écriture et y dédie presque tout son temps. Elle passe ses journées chez elle, seule, en train de rédiger sauf la fin de semaine quand son mari revient de son travail dans une autre ville. C’est à 200 kilomètres de leur domicile qu’il a trouvé un emploi dans un entrepôt, un autre contrat à durée déterminée comme ceux qu’il cumule depuis des années. Dernièrement, Maria m’a écrit. Elle finira sa rédaction sous peu et vient de débuter un contrat à durée déterminée dans un centre d’appel.
Lors de nos rencontres, j’ai remarqué que Maria portait presque toujours des boucles d’oreilles et des bagues. Une de ses bagues en argent captivait mon attention. En position centrale, une perle en argent était entourée de dix petites perles qui, à leur tour, étaient encerclées d’une deuxième rangée de perles. Elle m’a expliqué, avec enthousiasme, que cet ouvrage d’orfèvrerie était le symbole de la ville espagnole qu’elle habitait. Je n’ai pu m’empêcher de penser que la ville qu’elle affectionnait lui rendait mal son attachement.
« Tengo otras perlas, sabes. Tu sais, j’ai d’autres perles de mon expérience dans les centres d’appel. Un jour, un client m’a dit : « Je veux parler à un Espagnol, je ne veux pas te parler. »
Photo : Johan Mouchet sur Unsplash
1 L’entretien a été réalisé en espagnol, langue maternelle de l’interviewée et de l’autrice du feuilleton.
2 Voir www.bei.umontreal.ca/bei/ds_info.htm
3 Ce diplôme de premier cycle dans son pays requiert 4 ans de scolarité, la réalisation d’une recherche, la rédaction d’un mémoire et une soutenance devant jury.
4 À cette époque, le salaire minimum au Québec était de 6,90$. Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité au travail (CNESST), « Historique du salaire minimum », juin 2020. www.cnt.gouv.qc.ca/salaire-paie-et-travail/salaire/historique-du-salaire…
5 Les candidat.e.s à la résidente permanente doivent d’abord obtenir le Certificat de sélection du Québec (CSQ) qui est délivré par le Ministère de l’immigration du Québec. Les personnes « sélectionnées » demandent ensuite la résidente permanente au Ministère de l’immigration du Canada. Ces coûts augmentent d’année en année. À titre indicatif, en 2014, le coût de la demande de CSQ s’élevait à 750$ et celui de la demande de résidence permanente à 490$. Si le candidat.e. est à l’extérieur du pays, il doit solliciter un visa qui coûtait, toujours en 2014, 550$. À ces montants, il faut ajouter notamment les coûts importants d’examens médicaux, de traduction et d’envoi de documents. Javiera Araya-Moreno, « L’alchimie de l’État : La construction de la différence dans le processus de sélection des immigrants au Québec », Mémoire de maîtrise, Université de Montréal – Département de sociologie, 2014. papyrus.bib.umontreal.ca/xmlui/bitstream/handle/1866/11091/Araya-Moreno_Javiera_2014_memoire.pdf?sequence=6&isAllowed=y
6 Gouvernement du Canada, « Contacts avec la communauté », modifié le 29 juin 2017. www.canada.ca/fr/immigration-refugies-citoyennete/services/nouveaux-immi…
7 Ministère du Travail, de l’Emploi et la Solidarité sociale, « Action bénévole », modifié le 12 décembre 2019. www.mtess.gouv.qc.ca/sacais/action-benevole/index.asp et Gouvernement du Québec, « Lancement de la 23e édition des prix Hommage bénévolat-Québec – Dites merci à un bénévole ou à un organisme exceptionnel », communiqué de presse, 31 octobre 2019. www.fil-information.gouv.qc.ca/Pages/Article.aspx?aiguillage=ajd&type=1&…
par Rédaction | Juil 26, 2018 | Analyses, International
Par Jean Patrak
Petit pays de la péninsule ibérique, de l’Europe du Sud, l’Espagne est particulièrement connue par l’Occident pour ses conquêtes majeures sur le sol américain. Depuis, son influence a décliné, et elle a jusqu’à très récemment disparu des nouvelles internationales. Pourtant, alors que l’Europe occidentale vantait déjà ses valeurs démocratiques, l’Espagne a vécu la majorité du XXe siècle sous des dictatures militaires ou monarchistes. La plus longue, celle de Francisco Franco, résultat d’une meurtrière et pénible guerre civile, s’est étendue sur une période de plus de quarante ans, de 1939 à 1975. S’ensuit une période de transition démocratique où tou·te·s les acteurs et actrices semblent acheter la paix et simuler l’unité, particulièrement pendant les négociations constitutionnelles de 1978.
La majorité des communautés de cette vieille Hispaña ont beau essayer de l’ignorer depuis longtemps, un spectre veille toujours sur l’Espagne du XXIe siècle et maintien le petit pays européen sur la corde raide. On l’appelle franquisme (c’est-à-dire l’idéologie fasciste espagnole prônée par le général Franco), mais il a certainement porté d’autres noms et pourrait tout aussi bien déjà s’appeler néofranquisme…
De 1975 aux années 2000, les études universitaires sur l’héritage du franquisme sur l’Espagne sont rares et n’ont pas fait beaucoup de bruit. Aujourd’hui, alors que de moins en moins de citoyen·ne·s espagnol·e·s ont connu la guerre civile de 1936-1939, nous pouvons certainement mettre des mots sur cette réalité politique méconnue.
Avec l’aide de Raul Digon Martin, professeur de science politique à l’Université de Barcelone, et Barbara Molas, étudiante catalane au doctorat en histoire à l’Université de York, nous avons entrepris d’éclaircir la relation de l’Espagne avec le fascisme, passée, présente et à venir. Peut-être, à force d’en tracer les contours, notre spectre s’avérera-t-il être finalement un éléphant dans la pièce?
Origine du spectre
Jean Patrak : D’après vous, d’où vient l’idéologie du franquisme, soit cette idée que l’Espagne devrait constituer une nation homogène et fière?
Raul D. Martin : Le franquisme vient de plusieurs racines très anciennes. L’une des plus importantes est la tradition du conservatisme espagnol. Des auteur·e·s tels que Juan Donoso Cortés et des [politicien·ne·s] comme Antonio Cánovas del Castillo, parmi tant d’autres, ont développé durant le XIXe siècle des théories selon lesquelles l’État serait un lien métaphysique qui serait garant de l’unité de la nation. La religion catholique et la propriété privée figuraient alors parmi les institutions centrales de ces théories, entraînant ainsi une grande défense des hiérarchies sociales et un rejet assumé des changements sociaux et de la diversité nationale. Ces idées se sont ensuite radicalisées, confrontées par de nombreux mouvements progressistes associés au socialisme et au libéralisme de gauche (les syndicats, les nationalismes catalans et basques, etc.). Elles se sont radicalisées, au point où la droite a maintes fois défendu des régimes autoritaires, notamment pendant les dictatures espagnoles de Primo de Rivera (1923-1930) et Francisco Franco (1939-1975)[1].
Bien connaître l’histoire d’un pays aussi vieux que l’Espagne n’est certainement pas une mince affaire. Surtout, son territoire actuel fut, pourrait-on dire, secoué par de nombreux bouleversements politiques et sociaux. Depuis l’Empire romain, véritable lieu commun historique dans cette zone géographique, il est quand même intéressant de noter que la péninsule ibérique devint pendant une grande partie de la période moyenâgeuse le Califat de Cordoue. Territoire stratégique de l’Empire arabo-musulman dès le début du Moyen Âge, le Califat, aussi dénommé Al-Andalus, se morcela plus tard et fut reconquis par les Catholiques. La péninsule fut alors séparée en cinq royaumes : la Castille et Leon (majorité du territoire central, du sud et du nord-ouest), l’Aragon (le nord-est, dont le comté de Catalogne et de Valence), la Navarre (petit territoire de l’ouest des Pyrénées, constitué d’une partie du Pays basque), Grenade (au sud) et le Portugal.
La Renaissance, période durant laquelle la Castille conquit les autres royaumes du territoire, après la guerre de succession d’Espagne (1701-1714), marqua le moment où l’Espagne devint une grande puissance européenne et coloniale. Ce fut de courte durée, car déjà à partir de la fin du XVIIIe siècle, la puissance espagnole déclina graduellement. La force impériale se montra incapable de s’imposer sur son énorme territoire, toutes les colonies furent libérées l’une après l’autre, et l’instabilité économique et sociale conduisit lentement le pays à la Guerre civile.
On me demandera : Mais enfin, pourquoi ce long récit historique? Quel lien à faire avec le fascisme? C’est qu’en réalité, l’élément principal qui conduit le conservatisme espagnol à justifier le fascisme et la dictature réside à priori dans un contraste politique imposant. D’un côté, l’ampleur de la puissance historique et fantasmée de l’empire colonial espagnol, et de l’autre, l’instabilité de cette structure étatique, qui n’a certainement pas vécu un siècle sans voir ses frontières menacées d’imploser. Ce contraste est d’ailleurs également mis en évidence dans l’enseignement de l’histoire de l’Espagne à partir de 1850. Hérodote de Pérez raconte, à propos des livres d’histoire de l’époque :
« Quand des mouvements nationalistes apparaîtront, à la fin du XIXe siècle, beaucoup d’Espagnols seront portés à voir en eux des tendances séparatistes, destructrices de l’unité nationale. Rien ne les aura préparés à comprendre l’originalité et la richesse de l’histoire passée de la Catalogne par exemple […]. Le patriotisme espagnol ignore ou sous-estime les particularités historiques de la couronne d’Aragon au profit d’une construction dans laquelle la Castille occupe une place centrale. On confond la Castille avec l’ensemble de l’Espagne[2]. »
C’est ainsi que l’instabilité sociale et politique de l’Espagne, qui semble pour une grande partie de la population espagnole l’éloigner d’un passé national glorieux, arrive à justifier la répression afin d’assurer l’ordre du pays. Elle sera mise de l’avant par les mouvements Carlistes et Phalangistes dès la fin du XIXe siècle[3], principaux alliés de Franco à partir de 1936. Ce nouveau front conservateur s’attaqua alors, avec l’aide aérienne d’Hitler et de Mussolini, à la IIe République d’Espagne, qui de 1931 à 1936, promettait plus de reconnaissance pour les minorités culturelles du pays.
« La défaite républicaine allait entraîner, non seulement la suppression des institutions républicaines mais aussi de celles des autonomies […], et la répression des pratiques culturelles – linguistiques en particulier – propres. [Ainsi, du] centralisme, la dictature ne retient que l’aspect autoritaire, et le seul appareil d’État efficace c’est le répressif. Et la répression, comme nous le savons, ne sert en fait qu’à conforter le sentiment national[4]. »
Le spectre n’est donc pas né de nulle part. Son origine réside dans la nostalgie d’un empire qui s’est avéré plus fragile que prévu. C’est seulement à partir de la dictature interminable que la hantise pourra naître, à la mort du général Franco.
Exécution testamentaire : Le chemin tracé d’un fantôme
J.P. : Quel héritage du franquisme pourrait permettre la croissance d’une forme de néofranquisme influent dans la sphère publique?
Barbara Molas : Avant tout, il faut savoir que le gouvernement ou les autorités espagnols n’ont jamais admis que le franquisme était une grave erreur. Les idées propagées pendant le régime sont toujours légitimes, et n’ont jamais été condamnées. L’Espagne n’a donc jamais eu une réelle transition. Après tout, le dictateur est mort doucement, dans son lit[5]
Pendant toute la crise qui mena Francisco Franco au pouvoir et pendant toute la période où il s’y est maintenu, une rhétorique soutenant que le franquisme ne serait pas vraiment une forme de fascisme s’est propagée à travers une grande partie de l’Europe. Ce discours a contribué à la normalisation et l’acceptabilité sociale du règne de Franco. Comme l’Espagne n’avait menacé ni la France ou l’Angleterre ni les États-Unis, il n’y avait aucun intérêt politique ou militaire à une intervention. Or, dans le contexte d’une guerre mondiale contre le fascisme, il fallait bien justifier d’une manière ou d’une autre cette passivité internationale. Le fait est que la présumée neutralité de Franco dans la Seconde Guerre mondiale a certainement permis de cacher aux yeux du monde le fait qu’il imposait par la violence la langue et la culture castillane sur l’ensemble du territoire espagnol. Basques en prison, Catalan·e·s fusillé·e·s, Galicien·ne·s réprimé·e·s ; nombreux sont les épisodes sanguinaires de cette période absents de la littérature historique. Pour le monde, il n’existe que la guerre civile et la mort du dictateur. Et alors que le reste du monde ignore, le peuple espagnol semble avoir saboté sa propre mémoire. Pourquoi? Pour éviter la guerre et le sang? Ou peut-être est-ce, comme l’affirment certain·e·s historien·ne·s, pour enfin assurer une transition et une stabilité reposantes pour tout le monde :
« On ne sera guère moins surpris de constater […] la prolifération des travaux cherchant à démontrer la faible possibilité de changement social durant la transition. Cette fermeture résultait de la ferme volonté d’occulter le passé comme l’illustrent les commentaires de José Vidal-Beneyto […] : « Nous savons tous que la démocratie qui nous gouverne s’est édifiée sur la dalle qui recouvre le tombeau de notre mémoire collective. » [6]»
Le thème de la mémoire devint récurrent pendant cette transition, comme le démontrent ces paroles recueillies de Paloma Aguilar : « Tout au long de la transition espagnole, un pacte de silence fut instauré entre les élites les plus visibles pour réduire les voix amères du passé qui suscitaient tant d’inquiétude dans la population[7] ». Une constitution a tout de même été adoptée en 1978 ; un document rempli de contradictions, sous le regard satisfait du spectre, bien décidé à s’incruster pour semer la confusion. En effet, l’Espagne est certainement la première monarchie parlementaire au système électoral proportionnel constituée comme un État unitaire indivisible, tout en prévoyant accorder le titre de Communautés autonomes aux différentes régions qui voulaient se doter de privilèges sur certaines compétences (telles que la langue). En bref, l’Espagne n’est ni un État vraiment unitaire ni une fédération, mais une monarchie avec le système électoral d’une république, avec une seule langue officielle et quatre langues sous-officielles. C’est une constitution construite sur la peur et qui n’offre de solution déterminante à aucun projet politique. C’est surtout un grave échec de la mémoire qui devint, à partir de la transition, un énorme tabou social, comme en témoigne cet épisode historique :
« […] le gouvernement socialiste alors en fonction présidé par Felipe González avait émis le 18 juillet 1986, date anniversaire du cinquantenaire du soulèvement militaire antirépublicain qui déclencha la guerre civile, un communiqué pour le moins surprenant compte tenu de l’origine idéologique et politique de ses auteurs. « Une guerre civile n’est pas un événement commémorable [sic], même si ce fut un épisode déterminant dans la trajectoire biographique de [celles et] ceux qui l’ont vécue et souffert (…). Le gouvernement, poursuivait ce communiqué, veut honorer et saluer la mémoire de tous ceux qui en tout temps ont contribué par leurs efforts et, pour beaucoup d’entre eux, par leur vie, à la défense de la liberté de la démocratie en Espagne (…). Il évoque également avec respect le souvenir de ceux qui, à partir de positions différentes de celles de l’Espagne démocratique, ont lutté pour une société différente […] » [8]».
Le spectre n’a désormais plus un nom prononçable, il peut veiller pour longtemps sur la péninsule.
L’heure de la hantise
J.P. : Peut-on parler du développement d’un mouvement néofranquiste de nos jours ? Si oui, comment ce mouvement se manifeste-t-il en Espagne ? Au gouvernement, dans les mouvements sociaux, etc. ?
Raul D. Martin : Certaines caractéristiques du franquisme tardif subsistent dans notre système politique, comme la quantité de pouvoir attribuée à certains tribunaux. En ce qui concerne la montée de nouveaux mouvements fascistes, l’Espagne, comme beaucoup d’autres pays européens, ne fait pas exception. Leurs façons d’agir sont parfois étranges. Par exemple, Hogar Social, de Madrid, n’aide que les pauvres d’origine espagnole à se fournir de la nourriture et des vêtements, en accusant en même temps les pauvres de l’étranger. Dans leur message démagogique, les étrangers [et étrangères] sont coupables de la pauvreté espagnole[9].
Quelles traces un mort aussi important en Espagne que Francisco Franco peut-il bien avoir laissé sur sa population quarante ans plus tard? Comment peut-il être encore là dans l’espace politique, alors que celui-ci a tellement changé, que les partis politiques se sont multipliés? Qu’entend-on par un État hanté par son passé? Comment a-t-il donc réussi à enfouir ainsi une partie de son histoire, les yeux fermés?
Il y a d’abord les institutions. En effet, le franquisme a laissé sa marque dans plusieurs institutions dont la source se trouve encore dans la constitution. L’article 2 du Titre préliminaire de celle-ci, notamment, évoque ainsi le souffle du spectre : « La Constitution a pour fondement l’unité indissoluble de la Nation espagnole, patrie commune et indivisible de tous les Espagnols. Elle reconnaît et garantit le droit à l’autonomie des nationalités et de des régions qui la composent et la solidarité entre elles[10]. » Cette formulation soumet au sens de la loi la deuxième phrase à la première. La population basque, déjà en 1978, n’en fut pas dupe :
« Les résultats du référendum constitutionnel du 6 décembre 1978 pour les trois provinces de la Communauté autonome basque d’aujourd’hui sont les suivants […] si l’on ajoute la province de Navarre : 37,06% de oui, 11,41% de non, 46,83% d’abstentions. D’où la difficulté actuelle : une majorité de Basques considère que, depuis 1978, les provinces sont gouvernées par un contrat social qui leur fut imposé[11]. »
Et nombreuses et nombreux sont les Catalan·e·s, parmi d’autres, qui regrettent aujourd’hui le large appui de leur population aux termes de cette Constitution. Car elle donnait ainsi un grand pouvoir répressif aux grands tribunaux de Madrid, comme le mentionnait Raul Digon Martin, sur le danger que représentent pour l’unité de l’Espagne les politiques autonomistes régionales.
En plus de l’État unitaire et d’une forme de tribunal politique légitimé, l’esprit de Franco aura par ailleurs laissé le retour de la monarchie en Espagne, qui malgré le parlementarisme rejette de nombreux principes de la IIe République. Le roi représente encore aujourd’hui un symbole fort pour l’unionisme hispanique, dont la parole résonne énormément dans la communauté internationale.
Le spectre hante d’autant plus les débats politiques et les mouvements sociaux afin d’assurer la longévité d’un règne de la peur. En grands témoins de l’échec de la mémoire, les débats dans l’espace public mesurent bien l’influence du franquisme, quand la peur du souvenir devient un argument de poids :
« Ce fut la gauche qui raviva le souvenir du conflit (la guerre civile) et le besoin de le liquider pour en dégager ses responsabilités. La droite opposait à ce souvenir le désir de revanche présumé des vaincus. La peur associée à la guerre civile existait bien avant l’apparition des nouvelles institutions démocratiques fondées sur celles que la guerre avait détruites[12] […]. »
La peur de la guerre. Le fantôme franquiste n’a pas besoin de faire des apparitions régulières, il n’a qu’à se cacher derrière la guerre pour opérer en silence. « Encore aujourd’hui, après les nombreuses années écoulées, la mémoire historique de cette leçon de l’histoire continue d’opérer dans la vie politique », écrivait dans ses mémoires Santiago Carillo, secrétaire général du Parti communiste espagnol pendant la transition[13].
L’esprit se montre de plus en plus bruyant. C’est la montée de l’extrême droite, qui aime bien se manifester tous les 12 octobre. C’est la fête nationale de l’Espagne, qui commémorait la « race hispanique » pendant l’époque franquiste. En 2017, plus de 350 personnes affichant des drapeaux franquistes défilèrent à Barcelone en effectuant des saluts nazis et en brûlant des drapeaux catalans[14]. Certainement, même en petit nombre, ces groupes font parler d’eux dans l’espace public, afin de rappeler chaque année au peuple que le spectre n’a toujours pas été condamné; il est toujours légitime, dans le silence comme dans le vacarme. Raoul Digon Martin dirait que c’est bien à la mode, en Europe, de répéter ce que les fantômes fascistes nous soufflent à l’oreille.
En Catalogne, l’adversaire du spectre, l’esprit qui arriverait à le terrasser, n’est peut-être pas chez les instances étatiques espagnoles, ni à la Generalitat régionale, comme on pourrait le penser. Jonathan Durand-Folco, théoricien du municipalisme, suggère que le peuple catalan retrouve plutôt son pouvoir par la prise de possession des instances municipales, qui se trouve dans l’angle mort de la hantise franquiste :
« Sur quels ressorts repose ce renouveau municipaliste en Espagne ? Comme le souligne Joan Subirats qui a théorisé cette dynamique, il y a eu le « passage d’un processus destituant (de protestations sociales et de dénonciation) à un processus constituant (visant à “occuper les institutions”). À ses yeux, cette nouvelle “occupation” devrait déboucher sur une “extension de la démocratie”. “Ils ne nous représentent pas”, le slogan de 2011, avait vécu : il s’agissait maintenant de fabriquer des instruments pour prendre le pouvoir et changer, de l’intérieur, les institutions usées de l’Espagne post-franquiste[15]. »
Molas, de son côté, pense que « c’est l’absence de projet de société » en Espagne qui a réveillé les vieilles idéologies et « qu’il y a des alternatives telles que Podemos qui essaient au moins de construire quelque chose comme un dénouement et une harmonie sociale ».
Tous ces enjeux se rencontrent et s’entrechoquent dans la situation actuelle de la Catalogne et plusieurs exemples de l’héritage et de l’action du fascisme espagnol sont repérables, malgré la noirceur, dans la suite d’événements de l’automne 2017 catalan.
Que la chasse au fantôme commence!
« Puigdemont a abusé de sa position mais Rajoy s’est comporté en franquiste autoritaire. Trouvons le chemin d’une Espagne davantage fédérale. »
– Elio Di Rupo, président du Parti Socialiste belge[16]
Conséquemment, les événements qui se sont déroulés à l’automne 2017 en Catalogne[17] ont certainement fait tomber le masque de notre spectre néofranquiste. La répression politique et juridique qu’ont subie, et que subissent toujours, les indépendantistes témoigne de plusieurs faits bien importants :
1) La peur de l’instabilité sociale de l’Espagne est encore très vive. En effet, la confiance du gouvernement de Mariano Rajoy en la stabilité de son état est tellement fragile qu’il n’a jamais songé à simplement gagner la campagne référendaire comme le Canada au Québec ou l’Angleterre en Écosse. Sa vice-présidente, Soraya Saenz de Santamaria, a eu beau se vanter d’avoir « décapité » le mouvement de libération de la Catalogne[18], la gestion de la situation par Madrid reste celle d’un État inquiet.
2) La violence utilisée par la police le jour du vote évoque non seulement l’insécurité, mais également une culture politique construite directement par l’habitude de la violence. La guerre civile, la dictature de Franco, les attentats du groupe basque Euskadi Ta Askatasuna (ETA)… Toute nouvelle menace à l’intégrité de la constitution, donc à l’État d’Espagne, incite donc automatiquement une répression violente.
3) Dans les événements qui sont survenus, le roi, le gouvernement central et les tribunaux (les trois garants de l’héritage de Franco) sont tous intervenus de manière commune, en équipe, pour empêcher de donner la moindre légitimité au processus de consultation de la Generalitat catalane.
L’héritage de Francisco Franco réside également dans le pouvoir et l’influence qu’il a légués à sa famille. Aujourd’hui, sa famille possède un titre de noblesse, entre 500 et 600 millions d’Euros en valeurs financières et même une fondation, qui travaille à assurer la pérennité de l’influence morale du général.
Le spectre guette toujours et son poids pèse encore lourd sur les mouvements sociaux contemporains, qui peinent à faire voir au monde sa présence invisible. Mais au moins les peuples de Catalogne, de Pays basque, de Galice, et de toute l’Espagne par le fait même, peuvent désormais le regarder en pleine face. Son pouvoir réside dans la confusion contradictoire qu’il jette sur une constitution qui ne concède ni n’assume rien. L’Espagne semble condamnée à rester un État irréconciliable, toute époque confondue, autrement que par son imposition. La crise actuelle en Catalogne est, assurément, une preuve que le fascisme espagnol est encore en vie, qu’il est devenu une culture politique de l’Espagne et que les choix qui sont devant le pays européen – persister dans la répression ou envisager une réelle autodétermination des peuples – seront probablement déterminants pour l’avenir constitutif de l’Europe entière.
CRÉDIT PHOTO: Revista Monsacro/Flickr
[1] Extrait d’entrevue, 4 septembre 2017, traduction libre,
[2] Hérodote de Pérez est cité dans Barbara Loyer, 2006, Géopolitique de l’Espagne, Armand-Colin, Paris, p. 19.
[3] Les « Carlistes » renvoient à un mouvement politique monarchiste datant de 1830. Le carlisme est un courant traditionaliste, rattaché la religion catholique et au maintien des fors (fueros), des tribunaux religieux. En ce qui concerne les « Phalangistes », de la Phalange espagnole, leur nom provient des formations militaires de la Grèce antique. L’organisation a été fondée en 1933 et s’inspire du fascisme italien.
[4] Jean-Louis Guerena, 2001, « L’État espagnol et la « question nationale ». De l’État libéral à l’État des autonomies », dans Jean-Louis Guerena (dir.), Les nationalismes dans l’Espagne contemporaine. Idéologies, mouvements, symboles, Éditions du Temps, Paris, p.35.
[5] Extrait d’entrevue, 11 septembre 2017, traduction libre.
[6] Julio Arostegui, 2002, « La mémoire de la guerre civile et du franquisme dans l’Espagne démocratique », Vingtième siècle, revue d’histoire, no.74, p.33. doi.org/10.3917/ving.074.0031
[7] Ibid.
[8] Ibid., p. 32.
[9] Extrait d’entrevue, 4 septembre 2017, traduction libre.
[10] Extrait du Boletin Oficial del Estado, journal officiel du parlement d’Espagne, 1978.
[11] Denis Laborde, 2004, « « Appartient-il à la justice de devancer l’histoire? » Sur quelques procès de militants basques à Paris », dans Denis Laborde (dir.), Six études sur la société basque, Éditions L’Harmattan, coll. « Anthropologie du monde occidental », Paris, pp.235-304.
[12] Julio Arostegui, 2002, « La mémoire de la guerre civile et du franquisme dans l’Espagne démocratique », Vingtième siècle, revue d’histoire, no.74, p.35. doi.org/10.3917/ving.074.0031
[13] Ibid. p. 40.
[14] ARA.cat, 2017, dossier « La veu del poble. Dos mesos de moblitzacions constants. Del 20 de setembre al 16 de novembre », ARA.cat, Barcelone, p.16. Disponible gratuitement sur demande sur ARA.cat.
[15] Jonathan Durand-Folco, 2017, Traité de municipalisme, Écosociété, Montréal, pp.120-121
[16] ARA Barcelona, 5 novembre 2017, « El vice primer ministre de Bèlgica i el president dels socialistes belgues, contra Rajoy », ARA.cat, Barcelone. www.ara.cat/politica/lInterior-Belgica-president-socialistes-Rajoy_0_190…
[17] Depuis 2011, une série de négociations constitutionnelles échouées pour donner plus de pouvoir au parlement catalan – qui sont notamment décrites dans Le petit triomphe de la mémoire catalane, par Patrak, le 15 janvier 2015 – ont conduit à de réelles démarches d’autodétermination par la Generalitat de Catalogne. Ces démarches de consultation populaire ont été proscrites depuis le début par Madrid, qui a finalement fait intervenir la police lors du référendum du 1er octobre 2017, résultant en une série d’arrestations politiques. Voir le dossier d’ARA sur les événements de cette période politique mouvementée. Jean Patrak, 15 janvier 2015, « Le petit triomphe de la mémoire catalane », Revue L’Esprit libre, Montréal. revuelespritlibre.org/le-petit-triomphe-de-la-memoire-catalane
[18] Isabelle Piquer, 22 décembre 2017, « Le triple échec de Mariano Rajoy en Catalogne », Le Monde, Paris.
www.lemonde.fr/europe/article/2017/12/22/le-triple-echec-de-mariano-rajo…