Grève au port de Montréal : un siècle de luttes syndicales

Grève au port de Montréal : un siècle de luttes syndicales

Le 10 août 2020, les débardeurs et employé.e.s d’entretien du Port de Montréal entraient en grève générale illimitée. Au cœur de leurs revendications, des changements d’horaires à déterminer dans la convention collective du Syndicat des débardeurs du Port de Montréal (SCFP), en négociation avec l’Association des employeurs maritimes (AEM) depuis septembre 2018. 

Mardi midi, en plein mois d’août, quelques dizaines de personnes bloquent l’accès aux voitures sur une des rues menant au Port de Montréal. Certain.e.s sur leurs transats, abrités du soleil crevant sous une tente, hochent la tête au rythme de la musique rock que crache deux énormes haut-parleurs stationnés sur le trottoir. Les plus militant.e.s, elles et eux, applaudissent les klaxons solidaires des voitures tout en brandissant des pancartes sur lesquelles on peut lire: « 375 solidaires pour une convention collective juste et équitable ». 

375, c’est le numéro de la section locale du SCFD, qui représente les quelques 1 125 débardeurs œuvrant à Montréal, dont environ 120 sont des femmes.  

Après avoir mené à deux reprises 4 jours de grève consécutifs dans les dernières semaines, les membres du SCFD ont voté pour une grève générale illimitée à 99,22%, entrée en vigueur le 10 août.  

Revendications et craintes du patronat 

En 2015, les débardeurs montréalais enregistraient un salaire moyen de 110 000$ et touchaient des avantages sociaux de 22 000$ par année. En contrepartie d’un montant près de deux fois supérieur au salaire québécois moyeni, elles et ils doivent être disponibles pour travailler 19 jours sur 21. 

« C’est pas une question d’augmenter nos salaires, » confirme à L’Esprit libre un des grévistes, « Si ça se trouve nos salaires y vont diminuer, parce que nous autres on fait notre argent quand on travaille [par périodes de travail de] 21 jours de suite ». Bras levé et pancarte au poing, il ajoute: « Des horaires comme ça, c’est inhumain ». 

Alors que les négociations ont toujours lieu entre les représentant.e.s syndicaux des débardeurs et l’AEM, la ministre fédérale du Travail, Filomena Tassi, a rejeté la demande d’intervention gouvernementale émise par les associations patronales.  

Ces derniers craignent les conséquences économiques majeures qui pourraient découler du prolongement du débrayage dans le deuxième port le plus important du Canada. Les quais du port de Montréal accueillent normalement, 2 500 camions par jour, 60 à 80 trains par semaines et plus de 2 000 navires par an, selon la directrice des communications de l’Administration portuaire de Montréal (APM), Mélanie Nadeau. Les activités du port entraînent annuellement des retombées économiques d’1,5 milliards de dollars à l’échelle du Canada.  

« L’APM est très préoccupée par cet arrêt de travail pour la santé et la sécurité du public dans cette période de pandémie mondiale, car les activités portuaires sont essentielles à la bonne marche de l’économie et pour le ravitaillement, entre autres, des produits alimentaires et autres biens essentiels. Un arrêt des opérations portuaires a des répercussions importantes pour les entreprises canadiennes qui dépendent du commerce international et, ultimement, pour l’approvisionnement en biens et produits pour les citoyens, » peut-on lire dans un communiqué de presse officiel de l’APM en date du 7 août 2020ii

Sur la ligne de piquetage, un débardeur s’étonne de l’ampleur qu’a pris le mouvement: « ça fait quinze ans qu’on n’a pas réussi à se mobiliser comme ça, » commente-t-il, « c’est grâce à la nouvelle génération si on est là aujourd’hui, » insistant sur la nouveauté de la question de la conciliation famille-travail dans le mouvement syndical chez les employé.e.s du Port de Montréal.  

La lutte en héritage 

Il ne s’agit pourtant pas de la première grève menée par les débardeurs. Branche locale du Syndicat de la fonction publique affilié à la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec, le SCFP a été fondé en 1902 et est, depuis, responsable de plusieurs débrayages.  

Sur le site du syndicat, on peut lire: « [le syndicat] est un des pionniers dans l’histoire héroïque des luttes de classes au Québec, au Canada et en Amérique du Nord iii». 

Une histoire qui commence dans les années 1920, alors que Montréal héberge le plus important port céréalier au monde. Le crash boursier de 1929 et l’ouverture progressive de l’économie au marché américain entraîne son déclin, profitant parallèlement aux infrastructures portuaires de Toronto, en plein développement dû à sa proximité avec les États-Unisiv

Le port devient un no man’s land: les autorités portuaires peinent à garder le contrôle sur les quais, théâtre de beuveries, de flâneries et de vols, tout cela devant le regard impuissant des policiers portuaires, mal payés et mal équipésv.  

Il faut attendre la fin des années 60 pour que les activités du port reprennent en vigueur et que l’ordre se rétablisse. Le corps syndical, lui, a déjà retrouvé sa ferveur militante, avec l’entrée des baby-boomers sur le marché du travailvi. Les employé.e.s nouvelle génération, bien que pour beaucoup issu.e.s d’une lignée de débardeurs, sont souvent plus éduquée que leurs prédécesseurs et plus à même de réclamer de meilleures conditions de travail.  

Entre 1960 et 1975, une flambée de grèves illégales prend d’assault les quais montréalais et ceux e toutes les villes portuaires en Amérique du Nord. Durant cette période, 13 grèves sont entreprises au Port de Montréalvii

Celle de 1972 dure 52 jours, et voit le SCFP obtenir d’importantes hausses salariales et une sécurité d’emploi complète pour ses membresviii.  

Trois ans plus tard, le Parlement canadien répond à un nouveau mouvement de débrayage des débardeurs avec l’adoption d’une loi spéciale forçant un retour au travail. Fort des gains des dernières décennies, accentués par la mécanisation de l’emploi qui facilite nettement la tâche des employé.e.s du port, « le militantisme syndical entre dans une période de dormance qui durera quelques annéesix ». 

Lundi 10 août, 40 000 conteneurs étaient déjà bloqués ou détournés à cause du conflit entre le SCFP et l’AEM, d’après Mélanie Nadeau. Des répercussions majeures sur l’économie sont anticipées, alors que de nombreuses entreprises peinent à se remettre des répercussions de la pandémie de Covid-19.  

« On ne lâchera rien, » lâche un débardeur en grève, la colère à peine étouffée par le masque qui recouvre une partie de son visage.  

Une détermination à l’image des luttes menées sur des générations au Port de Montréal, alors que « le syndicat des débardeurs est resté un précurseur de vagues de revendications syndicales au Québecx », et ce, depuis les années 1930.  

i Institut de la statistique du Québec (ISQ). 

ii Préavis de grève générale illimitée des débardeurs, communiqué de presse, Administration du Port de Montréal, le 7 août 2020. [En ligne] https://www.port-montreal.com/fr/le-port-de-montreal/nouvelles-et-evenements/nouvelles/communiques-de-presse/preavis-greve (page consultée le 11 août 2020) 

iii Syndicat des débardeurs du Port de Montréal. [En ligne] https://www.syndicat375.org/propos (page consultée le 9 août 2020) 

iv Martel, Étienne. 2014. Une vie de débardeur: troubles et changements au Port de Montréal (160-1975), p.28. [En ligne]. https://histoire.uqam.ca/wp-content/uploads/sites/21/2017/03/%C3%89TIENNE-MARTEL_UNE-VIE-DE-D%C3%89BARDEUR_-TROUBLES-ET-CHANGEMENTS-AU-PORT-DE-MONTR%C3%89AL-1960-1975.pdf (page consultée le 10 août 2020) 

v Martel, Ibid., p.33. 

vi Martel, Ibid., p.50. 

vii Martel, Ibid., p.50-51. 

viii Martel, Ibid., p.55. 

ix Martel, Ibid., p.56-58. 

x Martel, Ibid., p.58.  

Décentralisation et autonomie régionale dans la grève des stages

Décentralisation et autonomie régionale dans la grève des stages

Une collaboration spéciale de Eloi Halloran et Etienne Simard, militant pour la campagne sur le travail étudiant (CUTE)

La grève des stages a pris fin il y a bientôt un an, le 12 avril 2019, lorsque les étudiantes en éducation de l’UQO à Saint-Jérôme ont voté à majorité contre sa reconduction. Elle aura duré quatre semaines dans ce campus satellite des Laurentides, deux à trois semaines de plus que dans la plupart des universités et cégeps, même parmi les bastions les plus militants comme l’UQAM et le Cégep du Vieux Montréal. Des semaines de débrayage en autonomie locale et régionale, sans légitimation par une association étudiante départementale ou modulaire – il n’y en avait pas – ni soumission à un momentum dit « national » – il n’y en avait plus! Une lecture de l’histoire du mouvement pourrait y voir un fait anodin ou un retournement insolite. Pourtant, si on lâche Montréal « deux minutes » pour parler d’« une ville bien ordinaire » comme Saint-Jérôme, à l’instar de Ducharme et Charlebois, on peut y voir l’expression de la décentralisation et de l’autonomie régionale dans l’organisation de cette lutte. Un bilan.

Un mouvement sans dessus dessous

La campagne pour la rémunération des stages a été marquée par une décentralisation sans précédent dans le mouvement étudiant. Elle a mis de l’avant l’autonomie des réseaux militants dans chaque région où l’on s’organisait pour se mobiliser. Cette autonomie a été incarnée par des comités autonomes locaux où se sont concentrés les pouvoirs de décision et des structures régionales où les pouvoirs de coordination se sont négociés. Ce faisant, il s’agit d’une tentative de renversement du rapport de domination traditionnel du centre métropolitain sur les villes périphériques en supprimant toute forme de palier décisionnel à l’échelle nationale.

Plusieurs parmi celles et ceux à avoir posé les jalons de cette campagne avaient déjà participé activement à des luttes étudiantes1 à Gatineau et Sherbrooke ou s’y impliquaient toujours. Ceux et celles-ci questionnent sévèrement la centralisation des pouvoirs entre les mains d’une clique montréalaise. D’autres avaient le souci d’inscrire le mouvement dans une critique du nationalisme et du colonialisme, telle qu’elle se développe au sein de la gauche étudiante et féministe depuis plusieurs années. Il faut aussi dire que la campagne est née dans un contexte où un débat sur la centralisation et le « montréalocentrisme »faisait rage à l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ)2. S’y opposaient deux tendances : l’une qui voulait s’attaquer aux disparités régionales en concentrant davantage de ressources au palier national pour mieux les répartir entre les associations de campus des autres régions3 ; et l’autre, qui proposait, au contraire, de réduire au maximum le palier national et de renforcer les conseils régionaux pour assurer une plus grande autonomie vis-à-vis de la métropole et de l’exécutif national4.

Suite à la mise en place de comités autonomes (CUTE et CRIS)5, dont le potentiel de mobilisation sur les campus semblait avoir plafonné après une première année de campagne, des structures ont été imaginées dans une perspective d’élargissement et de coordination entre les campus. L’objectif était notamment d’intégrer au mouvement des exécutifs d’associations étudiantes et de syndicats, des comités de mobilisation, des comités féministes, des comités de parents étudiants et des groupes politiques et communautaires. Sont ainsi nées, l’une après l’autre, les coalitions régionales de Montréal, de Sherbrooke, de l’Outaouais, de Québec et des Laurentides. Si la structure différait quelque peu d’une région à l’autre, le principe était essentiellement le même : des militant·e·s de différents campus collégiaux et universitaires impliqué·e·s dans des comités et des associations étudiantes s’y rencontraient pour coordonner l’organisation de la grève des stages dans leur région. L’objectif était de favoriser la prise en charge de toutes les dimensions de l’organisation de la campagne par l’ensemble des militant·e·s, peu importe le contexte régional.

Mais l’élément le plus marquant de ces structures est qu’elles n’étaient dotées d’aucun palier national : une tentative de défier le réflexe nationaliste dans l’organisation des mouvements sociaux. D’une part, on faisait l’expérience d’une organisation qui ne prenait pas la nation québécoise comme communauté politique de référence, préférant structurer le mouvement des stagiaires sur les liens de communauté entretenus entre militant·e·s d’une même région. Ce pari s’est doublé de tentatives de faire déborder le mouvement à l’extérieur des frontières québécoises, que ce soit à New York, au Michigan, en Ontario et au Nouveau-Brunswick, où des militant·e·s de l’Université de Moncton ont notamment organisé une manifestation dans le cadre du Global Interns Day, en novembre 2017. Cette critique effective du nationalisme semblait nécessaire pour inscrire le mouvement dans une perspective révolutionnaire, de manière à incarner le « refus politique de se faire peuple »6. D’autre part, la multiplication des pôles de coordination au sein de ces différentes structures rendait à peu près impossible la prise de contrôle sur l’ensemble du mouvement par quiconque s’y aventurait. Cela rendait beaucoup plus difficile la centralisation des pouvoirs à Montréal et, surtout, la mise des autres régions à la remorque du centre métropolitain. Parce que ce qu’il y a d’encombrant avec le national, c’est que c’est toujours le national de Montréal.

Saint-Jérôme ne s’est pas faite en un jour

Bien sûr, on ne renverse pas des rapports de domination simplement en inventant de nouvelles structures. Le maintien des disparités régionales au niveau des ressources et des effectifs militants repose sur des leviers qui ne sont pas entre les mains du mouvement : l’ensemble du territoire est organisé de manière à ce que Montréal demeure la métropole7. Cela a notamment des répercussions migratoires sur les militant·e·s parmi les plus motivé·e·s, qui passent d’un cégep ou d’une université de région à une université montréalaise en cours de campagne, comme ça a été le cas de quelques-un·e·s qui avaient mis sur pied les coalitions outaouaise et sherbrookoise. 

La métropole concentre également la plupart des réseaux militants, ce qui donnent un accès direct à des informations privilégiées, trop peu souvent documentées, particulièrement en ce qui concerne les conflits entre les tendances politiques et la mémoire militante. On y accède dans les bars, lors des nombreux ateliers et conférences, ou encore par l’entremise de documentation, bien que rare, disponible dans les espaces radicaux et associatifs ainsi que dans les bureaux d’associations étudiantes « nationales ». Ces différents éléments rendent beaucoup plus aisées la formulation de propositions et la consolidation théorique pour les militant·e·s de Montréal, d’autant plus que ces initiatives sont stimulées par une dialectique avec d’autres mouvements politiques, ce qui crée un désir de critique, d’opposition, de complémentarité ou de dépassement. Il va donc sans dire que les militant·e·s de la métropole ont eu une grande responsabilité dans cette tentative pratique d’inverser le « montréalocentrisme ». Pour partager au maximum l’information et les savoirs et donner de l’aide à la mobilisation, la Coalition montréalaise a mis sur pied un comité destiné à organiser des tournées de formation pour partager ses ressources dans le but d’élargir et consolider la grève sur les campus des différentes régions. Plutôt que d’organiser un camp de formation national par session, des ateliers ont ainsi été donnés à Gatineau, Sherbrooke, Victoriaville, Laval, Québec, Rimouski et Saint-Jérôme. On n’a évidemment pas anéanti la disparité entre les campus avec une tournée d’ateliers et des échanges de ressources, mais certainement plus qu’en laissant le tout entre les mains d’un palier national. Ce travail collaboratif entre les régions a eu un effet visible à travers l’articulation d’analyses originales concernant l’exploitation des stagiaires et le salaire étudiant8. On a fait le pari qu’en privilégiant une décentralisation radicale, on verrait émerger des décisions stratégiques qui n’auraient probablement jamais franchies l’instance nationale, voire qui n’aurait peut-être même pas été formulées.

D’ailleurs, quelques mois après la mise sur pieds des coalitions régionales, on a commencé à en percevoir les effets. La Coalition outaouaise émettait à l’automne 2018 un communiqué indiquant que la lutte pour la rémunération des stages ferait fi des résultats électoraux et tiendrait coûte que coûte la grève en novembre, quel que soit le gouvernement au pouvoir9. Elle appela également à une journée de grève le 20 février 2019, conjointement avec la mobilisation des organismes communautaires réclamant un meilleur financement, pour créer des ponts entre les luttes. Ce mot d’ordre a été repris à Sherbrooke et à Montréal. La Coalition de Québec a, quant à elle, lancé un appel à tenir des journées de grève flottantes dans les campus de la capitale nationale, ce qui a été tenté dans les assemblées d’associations étudiantes de l’Université Laval et du Cégep de Limoilou. La Coalition laurentienne a, pour sa part, joué un rôle clé dans le maintien de la grève au campus de l’UQO à Saint-Jérôme. Toutefois, l’exécutif de l’Association générale étudiante du Centre universitaire des Laurentides (AGECEUL) demeurait passif quant à la mobilisation et ne prenait aucune initiative quant à la convocation des assemblées générales de grève. La coalition a donc constitué un espace d’organisation où les efforts militants de l’Association des étudiantes et des étudiants du Collège Lionel-Groulx (AGEECLG), du CUTE CLG et du CUTE UQO-Saint-Jérôme ont été mis en commun, même après que la grève ait été battue en assemblée au cégep. La coalition régionale a ainsi servi à renforcer le petit noyau des militantes de l’UQO-Saint-Jérôme, qui se sentaient isolées et moins bien outillées, notamment en raison de l’absence d’une culture militante sur leur campus.

La manie des grosses manifs

Bien sûr, les relations n’ont pas été aussi harmonieuses à l’interne de toutes les coalitions ni entre ces dernières. Il y a eu à quelques reprises des désaccords entre tendances politiques au regard la stratégie de grève générale illimitée, notamment en Outaouais et à Montréal, mais généralement rien qui n’a empêché la continuité du mouvement10.

Cette expérience a poussé plusieurs militant·e·s des CUTE de Montréal à privilégier dorénavant des manifs régionales et des actions locales sur les campus, d’une part parce que l’organisation et la coordination d’une manifestation nationale était une tâche lourde pour la poignée de militant·e·s qui portaient la campagne à bout de bras, et, d’autre part, pour favoriser la participation d’un plus grand nombre de personnes aux manifestations. Un constat semblable a été formulé deux mois plus tard par les militant·e·s du CUTE du Cégep de Sherbrooke concernant le poids qu’a représenté l’organisation d’une manifestation nationale de l’ASSÉ dans leur ville11. Cette position ne faisait évidemment pas l’affaire de tout le monde. En Outaouais, par exemple, des militant·e·s du CRIS-UQO trouvaient démobilisant de se trouver un petit nombre isolé en grève à Gatineau, préférant se joindre au rassemblement devant le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité Sociale à Montréal lors de la journée internationale des stagiaires, le 10 novembre 2017.

L’année suivante, dans le cadre de la Global intern strike du 20 février 2018, on a tout de même tenté le coup des actions décentralisées sur les campus. L’idée était qu’en préparation de la grève des stages à venir, il importait de développer des savoir-faire en organisation dans les différentes régions et sur les campus où s’organisait la campagne. Le résultat a été impressionnant : des actions et piquets de grève sur plusieurs campus, dans six régions, et des militant·e·s qui prennent la rue à Gatineau, Montréal et même à Trois-Rivières. Voyant que ça grouillait un peu partout, il est probable que cette stratégie ait convaincu le gouvernement d’octroyer, dans les semaines qui ont suivi, des bourses pour le stage final en enseignement, dans le but d’atténuer la mobilisation.

Mais les tensions autour des manifs sont revenues de plus belle l’automne suivante, à la Coalition montréalaise, cette fois. Des militant·e·s proches des associations étudiantes du Cégep de Saint-Laurent, du Cégep du Vieux Montréal et de la Faculté d’éducation de l’UQAM désiraient organiser une manifestation nationale à Montréal lors de la journée du 21 novembre 2018, avançant qu’il s’agissait d’une étape nécessaire pour que le mouvement prenne de l’ampleur, notamment en étant couvert par les médias nationaux. La proposition n’a pas fait l’unanimité : des militant·e·s du CUTE UQAM ont réitéré qu’il était préférable de privilégier des actions locales pour maximiser la participation et assurer la prise en charge de l’organisation par les comités locaux, en prévision de la GGI à l’hiver suivant12. Bien qu’une décision collective en défaveur d’une manifestation nationale ait été prise, l’ADEESE-UQAM appelait à une manifestation à Montréal le 21 novembre, en gardant flou son caractère national.

La participation à la semaine de grève a été beaucoup plus considérable que prévue : environ 60 000 étudiant·e·s en grève et des milliers de personnes qui prennent la rue à Gatineau, Rimouski, Sherbrooke et Québec, en plus de la manifestation de Montréal. Tout comme à l’hiver précédent, le caractère décentralisé de la lutte des stagiaires est bien visible. Dès le vendredi précédent, les médias régionaux et nationaux couvrent amplement le mouvement, mais les tensions demeurent. À quoi sert de discuter pendant des heures en réunion si des personnes présentes font à leur tête par la suite? Que ce soit volontaire ou non, l’appel à une manif vaguement nationale a contribué à délégitimer les coalitions régionales comme espaces d’organisation.

La même tension a refait surface à deux reprises durant l’hiver, à l’aube de la grève générale, cette fois avec comme protagonistes des militant·e·s de Québec. Dans le premier cas, sans les principal·e·s concerné·e·s, il était décidé qu’une action de visibilité se tiendrait à Montréal le 15 mars au même moment où avait lieu une rencontre entre le ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur et des militant·e·s de Québec. Évidemment, sans la prise en charge de l’événement par les personnes qui l’ont décidé, l’action n’a pas eu lieu13. Dans le deuxième cas, malgré qu’aucun de ses propres effectifs n’ait été consacré à l’élargissement de la mobilisation, l’ASSÉ appelait à une manifestation nationale pour la rémunération des stages à Québec le 21 mars. L’appel est par la suite adopté par la Coalition de Québec, mais nulle part ailleurs. À Montréal et à Gatineau, on préfère organiser des manifestations à proximité pour maximiser la participation. Dans les faits, même l’ASSÉ ne mobilise personne à l’extérieur de la capitale nationale et n’envoie aucun autobus. Une manif a quand même lieu à Québec et, même si elle n’est pas spectaculaire en nombre, a le mérite d’être entièrement organisée et mobilisée par les militant·e·s de la capitale.

La tentation du national

L’expression d’une résistance nationaliste14 à l’élan de décentralisation incarnée par les coalitions régionales a également pris d’autres formes. Plus politiques, elles concernaient directement la mise en place d’une instance nationale. Si l’on prend en compte le rôle prépondérant accordé aux fédérations nationales dans l’imaginaire du mouvement étudiant québécois, il était prévisible qu’il y ait des tentatives de faire bifurquer l’organisation de la campagne vers une structure nationale. Les tentatives de récupération de la campagne par l’ASSÉ ont d’ailleurs été nombreuses, alors même que la campagne pour la reconnaissance du travail étudiant et l’appel à la grève des stages n’ont jamais été adoptés en congrès. Du côté de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) et de l’Union étudiante du Québec (UEQ), la récupération a pris la forme d’une campagne « nationale » tardive de lobbyisme pour l’amélioration de la condition des stagiaires, qui s’écartait de toutes les dimensions progressistes et subversives de la campagne portée par les coalitions régionales15.

Or, cette contre-attaque nationaliste ne s’est pas limitée aux bureaucraties étudiantes nationales : elle a également été défendue dans les espaces d’organisation par des militant·e·s près de l’ASSÉ et des conseils exécutifs d’associations étudiantes. C’est bien sûr à Montréal, mais aussi à Québec, que les critiques contre l’absence d’un palier national ont été les plus fortes. Elles ont été formulées bien après l’instauration du mode d’organisation décentralisé, au moment où un ultimatum au gouvernement était lancé. À l’approche du point culminant de la campagne, la grève générale, on vantait les avantages stratégiques de la coordination et des actions à l’échelle nationale : meilleure représentation médiatique et politique, élargissement dans un maximum de régions, légitimation du mouvement par la centralisation des ressources, de l’information et du pouvoir dans une structure de coordination nationale, etc. On se référait ainsi aux coalitions nationales passées, organisées par l’ANEEQ, le MDE et l’ASSÉ16.

C’est la position que le conseil exécutif de l’Association facultaire étudiante des sciences humaines de l’UQAM (AFESH-UQAM) défendait, quelques semaines avant la grève de l’automne 2018, par la proposition d’une structure de coordination nationale afin de mener à bon terme la lutte pour la rémunération de stages. Advenant son refus, ses représentant·e·s menaçaient de déserter la Coalition montréalaise et de créer un palier national avec d’autres associations étudiantes, hors des espaces d’organisation existants17. Peu de temps auparavant, une proposition portée par les exécutifs de l’AFESH-UQAM et de l’Association facultaire étudiante de science politique et droit (AFESPED) de l’UQAM avait été adoptée par la Coalition montréalaise. Cette résolution prévoyait la tenue d’une conférence de presse pour annoncer le lancement de l’ultimatum de grève au gouvernement, le 1er novembre. Les exécutifs de ces associations avaient interprété le mandat en considérant qu’il s’agissait d’une conférence nationale et centralisée, ce qui a généré quelques protestations parmi lesmilitant·e·s en Outaouais et à Québec à l’effet que la Coalition montréalaise voulait leur imposer un rythme qui ne convenait pas au niveau de mobilisation dans leurs régions, et ne reconnaissaient pas être lié·e·s par une décision prise à Montréal. Un réflexe nationaliste sans malice, mais très parlant sur la réalité structurelle du « montréalocentrisme » dans le mouvement étudiant.

En réponse à cette situation, le besoin de créer un canal de communication interrégional a été exprimé à la Coalition outaouaise. Une proposition adoptée à la Coalition montréalaise et à la Coalition sherbrookoise a été d’organiser des rencontres régulières entre des délégué·e·s de chacune des coalitions régionales et d’autres groupes qui ne sont pas organisés en coalition. Nommées l’Interrégionale, ces réunions devaient se tenir par vidéoconférence environ aux trois semaines pour échanger de l’information et du matériel produit pour la campagne, mais pas à des fins décisionnelles. Les coalitions régionales étaient aussi invitées à rendre disponibles aux autres leurs procès-verbaux et comptes-rendus18.

Parallèlement, une discussion issue d’une journée de formation en août 2018 a mené à la création d’un comité de liaison – avec délégation rotative de chaque coalition régionale – dans le but de ne pas laisser les rencontres avec le ministère de l’éducation entre les mains des fédérations étudiantes – la FECQ et l’UEQ, principalement. Le mandat de ce Comité de liaison se limitait à recueillir de l’information et de la ramener dans les coalitions régionales. Dès le départ, la condition de la tenue des rencontres était la présence des délégations de toutes les régions afin qu’aucune ne soit laissée derrière. Une position claire contre les négociations avec le gouvernement était aussi prise. On considérait que ce dernier ferait des concessions à la hauteur de ce que la pression le contraindrait de faire et, qu’en ce sens, des négociations ne joueraient pas à notre avantage. Au contraire même, elles tendraient davantage à atténuer l’effet des revendications, ce qui a été confirmé par les gains de la grève : des bourses se rapprochant des revendications des fédérations étudiantes.

Il est intéressant de comparer la dynamique de l’Interrégionale et du Comité de liaison. Alors que le premier est issu d’un débat enflammé et souvent lourd sur la structure, il n’a pas particulièrement été investi par la suite. Les réunions Skype étaient difficiles à tenir et les personnes qui réclamaient un palier national n’y ont jamais participé. Le Comité de liaison a, quant à lui, été beaucoup plus investi, particulièrement par les exécutifs d’associations étudiantes locales impliqués dans les coalitions régionales. C’est le caractère prestigieux de la représentation auprès du ministère qui semblait attirant, et pas seulement pour les personnes qui y étaient déléguées. Il est arrivé à quelques reprises que la discussion en préparation d’une rencontre avec le ministère puisse occuper presque tout le temps disponible pour des rencontres de coalition, et ce, dans toutes les régions organisées. Alors que tout le temps et les énergies étaient nécessaires pour que la grève passe et tienne, la tentation de « représenter » le mouvement et d’en prendre la direction était manifeste dans les espaces d’organisation.

Ces exemples un peu, comme celui de la manifestation nationale conjointement organisée avec l’ASSÉ à Québec, exposent plutôt bien la difficulté de briser les dynamiques de représentation et le réflexe nationaliste dans l’organisation des mouvements sociaux, et ce, même si l’on met en place des structures qui cherchent à les contrer. Cette difficulté prend une ampleur particulière dans la « Belle province » où l’indépendantisme a été pendant longtemps fédérateur dans les mouvements sociaux. Dans la métropole et la capitale nationale surtout, mais aussi, à un moindre degré, dans les autres coalitions régionales, une tendance en faveur de la centralisation nationale est régulièrement revenue à la charge. Elle se manifestait par une volonté d’utiliser les effectifs plus importants de Montréal et de leur donner un caractère national, que ce soit pour la représentation médiatique, les rencontres avec le gouvernement ou l’organisation de manifestations, le tout pour donner une impression d’un mouvement massif. Au niveau décisionnel, elle s’exprimait par une volonté de représenter une région au moment de la délibération et de renvoyer la charge de l’exécution à d’autres.

Or, c’est exactement cette dynamique de représentation que tentait de briser l’organisation de coalitions autonomes et décentralisées, en misant sur la vivacité d’une base active et capable partout où la campagne s’organisait plutôt que sur une représentation de la masse qui se fait craindre par la force du nombre. Même au sein de tendances se réclamant de l’anticapitalisme, de l’autonomie et de l’anticolonialisme, l’imaginaire radical présente un penchant pour la masse « nationale » quand vient le temps de se structurer, que ce soit dans le but de lancer des mots d’ordre à l’ensemble du mouvement ou simplement pour laisser à d’autres la prise en charge des aspects les laborieux et le plus plates de l’organisation.

Le chauvinisme régional : effet pervers de la décentralisation

La mise en place d’un mouvement structuré en coalitions régionales a évidemment entraîné son lot de conséquences indésirables, la plus pernicieuse étant le chauvinisme régional. À peu près tous les campus ont eu besoin d’aide à un moment ou un autre pour l’organisation de la lutte, que ce soit pour des ateliers de formation, l’organisation d’instances, la rédaction de communiqués ou la distribution de matériel de mobilisation. Et bien sûr elle provenait presque essentiellement de l’UQAM, mais aussi de l’UdeM et du Cégep Saint-Laurent.

Or, cette aide ne venait jamais sans une influence sur l’analyse ou la stratégie à adopter, en plus d’une certaine arrogance. Après l’atteinte d’un certain degré d’organisation, à peu près toutes les coalitions régionales ont opéré un repli pour conserver leur autonomie vis-à-vis Montréal. Ce repli était principalement porté par des exécutifs d’associations étudiantes, dont les responsabilités de représentation contraignaient davantage la possibilité de défendre des lignes plus maximalistes dans les revendications comme dans la tactique. Si ce réflexe est tout à fait justifié, voire nécessaire à l’autonomie, ce détournement vis-à-vis des militant·e·s de la métropole est arrivé à un moment où les besoins d’organisations étaient les plus criants, particulièrement entre la grève de l’automne et celle de l’hiver.

C’est devenu du chauvinisme au moment où les canaux de communication entre régions ont été de plus en plus interrompus pour se détourner de l’objectif de la grève générale illimitée des cours et des stages à l’hiver 2019. Cet abandon s’est exprimé de différentes manières, soit en poussant soudainement une ligne maximaliste (GGI ou rien!) en sachant pertinemment que ça ne passerait pas dans les AG sans aide extérieure pour la mobilisation, soit en évitant tout bonnement la tenue d’AG de grève, cette fois sous prétexte que la mobilisation n’était pas au rendez-vous. C’est d’ailleurs cette dynamique ainsi que la multiplication des rencontres des différentes instances d’organisation, c’est-à-dire les assemblées générales, les conseils de grève ou des stagiaires, les comités autonomes, les coalitions régionales, le comité de liaison, l’Interrégionale, qui ont rendu de plus en plus difficile la mobilisation, malgré son importance évidente.

Dans le même sens, le chauvinisme régional a également servi à mystifier certains conflits de tendances. À gauche comme à droite, il a servi à défendre une ligne centralisatrice et nationaliste dans les régions non-métropolitaines contre la décentralisation et l’autonomie défendues par « Montréal », pourtant « montréalocentriste ». À droite, il a servi à combattre la stratégie de GGI au profit de journées ponctuelles ou bien pire, d’une campagne de lobbying. À gauche, il a servi à mousser la prétention et la suffisance montréalaises à concrétiser la ligne juste d’une grève des stages authentique, sans pour autant s’intéresser à donner un coup de main à l’extérieur de l’Île. Dans tous les cas, le chauvinisme régional a été néfaste pour la mobilisation et a nui au maintien et à l’élargissement du mouvement.

« Ça me fait bien de la peine, personne n’écrit sur Saint-Jérôme »

Peut-on avancer que la grève a eu lieu à Saint-Jérôme en raison des structures décentralisées? Non. Dans les faits, le mouvement a gagné le centre d’études universitaires des Laurentides (UQO) bien avant la mise sur pied des coalitions régionales, dès le tout premier appel à la grève des stages la journée du 16 février 2017 où se déroulait une manifestation à Québec. À l’appel des différents comités autonomes de Montréal, Gatineau et Sherbrooke, et particulièrement du CRIS-UQO, les étudiantes en éducation de Saint-Jérôme se sont mises en grève, conjointement avec celles de l’Association étudiante modulaire en éducation de l’UQO (Gatineau). Une initiative similaire lancée par une fédération nationale aurait très bien pu trouver le même écho à Saint-Jérôme : la résonance de la revendication pour la rémunération des stages concerne une réalité de classe propre à ce campus, qui concentre les étudiant·e·s universitaires parmi les plus précaires. « Parce que l’ouvrage est rare à Saint-Jérôme, faut qu’y travaillent! ».

On peut par contre affirmer sans gêne que c’est en raison des structures décentralisées que la grève y a duré aussi longtemps. Aucune instance à l’extérieur des Laurentides n’avait la légitimité d’appeler à la fin de la grève, même quand les dernières associations étudiantes de l’UQAM y mettaient fin. En même temps, la Coalition laurentienne est celle qui a été le moins affectée par le chauvinisme régional. Les militant·e·s y ont entretenu des canaux de communication avec les autres coalitions tout au long de la dernière année de campagne, particulièrement avec celles de Québec, Montréal et Gatineau. De l’aide pour la rédaction, la mobilisation et l’organisation d’instances a été demandée au besoin et l’autonomie a tout de même été conservée.

Bref, malgré un bilan mitigé pour la décentralisation régionale, on doit en partie la concession du gouvernement à mettre en place des bourses pour stagiaires dans de nombreux programmes à l’université, au cégep et dans les écoles de métiers à la ténacité des grévistes en enseignement de Saint-Jérôme. La contribution du CUTE UQO-Saint-Jérôme et l’indépendance des grévistes vis-à-vis de leur association étudiante incarnent particulièrement bien le potentiel de l’autonomie dans l’organisation d’une lutte au sein de laquelle on préfère un mouvement plus petit mais plus dynamique à un mouvement plus spectaculaire en nombre mais centralisé. On parle quand même de la première grève offensive à obtenir des gains importants en quarante ans.

Les militant·e·s de la Coalition laurentienne pour la rémunération des stages ont d’ailleurs pris la décision de transformer cette dernière en coordination régionale de la grève pour le climat, un héritage structurel concret de la grève des stages, mais la poursuite de ce mouvement est nébuleuse. Un an plus tard, on ne sait toujours pas si la décentralisation régionale marquera durablement la structure du mouvement étudiant. On sait cependant que le comité de transition post ASSÉ en charge de réorganiser la gauche étudiante a été fortement investi par les militant·e·s qui ont le plus ardemment défendu la nécessité d’un palier national au cours de cette campagne. Ainsi, s’il est impératif de souligner les limites de la décentralisation « antinationale », les critiques se limitent encore, depuis la fin de la grève des stages, à marteler la nécessité d’une fédération nationale, et ce, dans les mêmes termes et par les mêmes tendances qu’il y a quatre ans, comme si rien n’avait bougé depuis. Pourtant, des comités autonomes ont bel et bien organisé de A à Z une grève dans différentes régions, alors que les structures nationales que sont l’AVEQ19 et l’ASSÉ ont toutes deux été dissoutes vers la fin de la campagne, et ce n’est pas faute de tentatives de les (ré) animer. N’est-ce pas là un point de départ logique pour la suite des réflexions organisationnelles?

Enfin, il reste peu probable que les mouvements à venir transcendent les frontières provinciales et canadiennes, si on se fie au peu de motivation à intégrer Ottawa dans la Coalition outaouaise ou au désintérêt généralisé vis-à-vis de la collaboration avec les groupes du Nouveau-Brunswick et des États-Unis au cours de cette campagne. De même, la volonté de certaines tendances de mettre sur pied une structure qui prendrait encore une fois la nation comme communauté politique de référence est de mauvais augure. Il n’y a pas à dire, le nationalisme se porte plutôt bien au sein de la gauche étudiante, même là où il s’ignore le plus. « Lâchez-moé ça, vos steps assis et chantez-moi donc Saint-Jérôme! »

1 Plus précisément, les grèves de 2005 contre la réforme de l’AFE et les coupures dans les bourses, et celles de 2007 et de 2012 contre des hausses de frais de scolarité.

2 On retrouve plusieurs textes de réflexions à ce propos dans le cahier de congrès de l’ASSÉ de février 2016, accessible à tinyurl.com/y4v4wy98.

3 Comité anti-montréalocentriste (CRAMo), « L’ASSÉ en dehors de l’île », Congrès d’orientation de l’ASSÉ, 14 novembre 2016. tinyurl.com/yy3dvltn.

4 Thierry Beauvais-Gentile et Chanel Fortin, « Juste milieu », Dissident.es, 27 octobre 2015. dissident.es/juste-milieu/.

5 Désignent les comités unitaires sur le travail étudiant (CUTE) à Montréal, Sherbrooke et Saint-Jérôme et les comités pour la rémunération des internats et des stages (CRIS) à Gatineau.

6 « […] quand la classe ouvrière exprime son refus politique de se faire peuple, la voie la plus directe de la révolution socialiste ne se ferme pas, elle s’ouvre » ; Traduction de Yann Moulier avec la collaboration de G. Bezza, Mario Tronti, Operai e capitale, Turin : Einaudi, 1966. tinyurl.com/y3oapmkh.

7 Jadd-Abigaël Céré et Étienne Simard, « Appel interurbain », Dissident.es, numéro 0, août 2016. dissident.es/appel-interurbain.

8 Voir, par exemple, Amélie Poirier et Camille Tremblay-Fournier, « La grève des stages est une grève des femmes », Françoise Stéréo, 23 mai 2017. francoisestereo.com/greve-stages-greve-femmes.

9 Coalition de l’Outaouais pour la rémunération des stages, « Lettre ouverte aux partis politiques et à leurs candidat.e.s », 17 septembre 2018. tinyurl.com/yxdaaqjb.

10 Le plus gros des tensions s’est exprimé autour de l’organisation de manifestations, et ce, dès la toute première journée de grève pour la rémunération des stages, tenue le 16 février 2017. L’appel à une manifestation à Québec, en marge du Rendez-vous national sur la main-d’œuvre, avait provoqué d’importantes tensions entre les militant·e·s des CUTE et celles et ceux du Front régional de l’ASSÉ à Québec (FRAQ) ; CUTE UQAM, « Rapport sur la collaboration trouble avec le Front régional de l’ASSÉ à Québec », Dissident.es, 11 avril 2017. tinyurl.com/yxvbdd6f.

11 CUTE Sherbrooke, « Mourir sans quorum », Dissident.es, 27 mars 2017. tinyurl.com/y4asrhw3.

12 Pour une analyse détaillée des rapports conflictuels entre les comités autonomes et les associations étudiantes en contexte de grève, voir le bilan de Loïc Carpentier, Félix Dumas-Lavoie, Camille Marcoux et Amélie Poirier, « Tu travailles pour qui? Une grève, trois récits », Dissident.es, numéro 6, automne 2019. dissident.es/tu-travailles-pour-qui-une-greve-trois-recits/.

13 D’autant plus que cette action devait avoir lieu le même jour où étaient déjà planifiées la grande manifestation pour le climat et la manifestation annuelle contre la brutalité policière, ce qui fait que la mobilisation et la visibilité de cette action aurait été à peu près nulle.

14 Nous comprenons le nationalisme comme une logique de reconnaissance qui a pour cadre de référence un espace national et ses frontières, même si un mouvement en rejette les institutions. Pour une définition semblable, voir Angela Mitropoulos, « Autonomy, Recognition, and Movement », sometim3s, 22 avril 2006. s0metim3s.com/2006/04/22/autonomy-recognition-movement/.

15 La campagne Stagiaires en solde a été lancée quelques semaines avant le déclenchement de la grève générale, voir www.stagiairesensolde.quebec.

16 Benoît Renaud, « Six grèves générales ». tinyurl.com/y2unzqly.

17 Comme elle a été présentée en assemblée générale, sous huis clos, la proposition est seulement accessible en retranscription dans le texte « Et pendant ce temps en région… », que des militant·e·s de l’Outaouais ont écrit pour critiquer l’initiative centraliste et nationaliste du conseil exécutif de l’AFESH ; CUTE Magazine, « Et pendant ce temps en région… », Dissident.es, 25 octobre 2018. dissident.es/et-pendant-ce-temps-en-region/.

18 Les procès-verbaux des coalitions sont disponibles sur le site grevedesstages.info/coalitions-regionales.

19 Association pour la voix étudiante au Québec.

Grève pour le climat : les militant·e·s manitobain·ne·s s’allient et s’organisent

Grève pour le climat : les militant·e·s manitobain·ne·s s’allient et s’organisent

Longtemps paralysés par le règne du Nouveau Parti démocratique provincial de 1999 à 2016 qui a coopté et endormi les groupes militants, les mouvements sociaux manitobains s’activent de nouveau face à l’urgence climatique. Portrait d’une mobilisation prometteuse, mais encore fragile, qui dépendra en grande partie des alliances entre autochtones et allochtones.

Un texte de Samuel Lamoureux et Sophie Del Fa

Nous avons traversé le Canada pour explorer les mouvements de résistance des provinces du centre du pays, peu couverts par les médias québécois. Se sont révélés à nous, tout au long de ces 10 000 kilomètres de nomadisme, des collectifs et des individus engagés surtout envers les luttes relatives aux changements climatiques, dévoilant du même coup un nouveau souffle pour les mouvements sociaux et une volonté de s’unir avec les plus précaires. Commençons par le Manitoba, premier arrêt de ce récit de voyage.

25 juillet 2019

Winnipeg apparaît comme une oasis en relief dans les plaines infinies du Manitoba. Plusieurs heures de route nous y amènent de Thunder Bay en Ontario[i]. Nous y entrons par le quartier périphérique de Wolseley dans lequel nous sommes charmé·e par les maisons en bois du début du 20e siècle. Parcourant les rues sous un soleil chaud et un air sec, la réalité de la ville se dévoile tout entière. Winnipeg est peu embourgeoisée par rapport à Montréal ou à Vancouver et c’est une ville inégalitaire et pauvre. Il y aurait plus de 1500 sans-abris selon le recensement de 2018[ii], mais d’autres études affirment que plus de 8 000 personnes seraient des « hidden homeless[iii] », des sans-abris temporaires vivant chez leurs ami·e·s. Pour une ville de 750 000 habitant·e·s qui a pourtant été gouvernée de 1999 à 2016 par un parti de centre gauche — le Nouveau Parti démocratique — ce chiffre est surprenant. De ce nombre, les autochtones sont clairement surreprésenté·e·s parmi les sans-abris (62 %). Les premières heures à Winnipeg nous déstabilisent et c’est rempli·e de curiosité et de questionnements que nous allons à la rencontre, pendant notre séjour, de plusieurs militant·e·s afin de comprendre l’organisation de la résistance dans cette ville située en plein centre du deuxième plus grand pays au monde.

Le climat : première (et dernière?) bataille

Dans un immeuble du centre-ville de Winnipeg, au-dessus d’une boutique MEC[iv], nous rejoignons la militante de Manitoba Energy Justice Coalition[v], Laura Tyler, jeune femme dynamique avec qui nous abordons les défis vécus par les groupes engagés de la province. C’est par elle que nous comprenons que les organismes les plus militants de la ville se sont organisés autour de la lutte contre les changements climatiques, encouragés par le mouvement des jeunes qui secoue le monde depuis 2017. Nous interrompons la militante de Manitoba Energy Justice Collation dans une journée occupée par plusieurs réunions de préparation des actions futures, en particulier la semaine d’action pour le climat à partir du 20 septembre qui culminera avec la grande manifestation internationale le 27 septembre, ainsi qu’une action pour le jour même, dont les détails que l’on nous fournit sont assez nébuleux. Nous sentons Laura préoccupée, mais elle nous donne le temps dont elle dispose entre deux déplacements pour nous éclairer sur les enjeux de la lutte. Nous la sentons profondément engagée et animée par une sorte de rage et d’impatience envers le statu quo et l’inertie de l’action militante.

« Nous essayons de convaincre des gens qui ont appris à demander les choses poliment à reconnaître que ce n’est pas suffisant : nous ne pouvons plus seulement être poli·e·s. Nous devons penser à d’autres moyens et montrer nos muscles et notre pouvoir en tant que citoyen·ne·s pour avoir un impact et créer le changement », explique la militante qui insiste longuement sur le fait qu’il ne reste plus que 18 mois pour inverser le réchauffement climatique[vi]. Laura explique que des idées neuves comme le Green New Deal, ce vaste plan d’investissement dans les énergies renouvelables visant à stopper le réchauffement climatique, sont prometteuses, parce que permettant de rassembler des militant·e·s aux idées divergentes comme les autochtones et les allochtones.

Protester et protéger : une alliance des forces et des esprits

Nouer des alliances avec les groupes historiquement marginalisés est en effet un des enjeux majeurs des organisations militantes. Pour Laura Tyler, « construire des relations et construire la confiance » entre son organisation et les autochtones et ne pas « répéter les systèmes d’oppression » dans les groupes militants sont les mots d’ordre pour la réussite de la mobilisation autour de la lutte contre les changements climatiques. Le tout en mettant de l’avant les personnes invisibilisées par les médias et le politique afin de ne pas reproduire les mécanismes d’exclusion qui ne cessent, toujours, de nous gouverner. 

D’ailleurs, alors que nous accompagnons Laura rejoindre des étudiant·e·s autochtones dans un local climatisé de l’Université de Winnipeg, nous retrouvons plusieurs jeunes autochtones en pleine préparation d’une action imminente. Des affiches avec des slogans comme « Justice Now » ou « Stop ignoring our needs » jonchent les canapés et le sol. Toutes et tous ont revêtu leur tenue de manifestant·e·s avec bandanas et pantalons longs. Une des jeunes activistes nous explique que ce groupe, auquel elle appartient, s’inspire du magazine Red Rising[vii] pour s’organiser. La détermination et la motivation des jeunes remplissent le local. Nous les regardons partir pour leur action, sans trop savoir au juste de quoi il retourne véritablement, et promettons de les rejoindre plus tard après notre rendez-vous avec une des figures majeures de la résistance autochtone dans la province, Geraldine Yvonne Mcmanus.

Occupation contre Enbridge

Depuis un an, hiver comme été, Géraldine campe dans un wigwam sur une terre traversée par un pipeline de la ligne 3 d’Enbridge dans le sud du Manitoba, proche de la frontière avec les États-Unis. Femme droite, au regard profond, un aigle tatoué au creux de sa gorge sort du col de son chandail bleu floqué du nom du territoire qu’elle défend « The Spirit of the Buffalo[viii] ». Elle déstabilise nos questions en nous parlant passionnément de la « guerre spirituelle » qu’elle mène à travers ses prières pour « sauver notre mère sur laquelle nous habitons ». C’est en l’écoutant que nous comprenons que la lutte doit se déplacer et les forces s’unir afin d’allier ceux et celles qui protestent et ceux et celles qui protègent.

« On dit de nous que l’on proteste, mais il n’en est rien, nous sommes des protecteurs et des protectrices. Nous protégeons notre terre, ce qui a besoin d’être protégé ». Au temps des zones à défendre, protéger et se réapproprier son territoire est une des stratégies de lutte de plusieurs mouvements sociaux occidentaux[ix]. Mais cela est en fait au cœur de l’existence des autochtones et anime fondamentalement leurs luttes.

« Nous nous asseyons sur nos terres parce que c’est important pour nous de réclamer nos territoires et de parler pour nos terres ancestrales auxquelles nous sommes connecté·e·s; c’est notre job, en tant que gardien·ne de la terre, de parler en son nom et de nous y asseoir. »

Géraldine nous invite dans une opposition bien loin de notre propre imaginaire militant. Elle nous amène au plus proche des esprits et nous explique que le combat qu’elle mène est spirituel et qu’elle a été appelée à faire ce qu’elle fait.

« Quand nous nous asseyons sur nos terres, que nous bloquons des routes, quand nous vous empêchons de prendre notre sable et d’extraire le pétrole du sol, nous le faisons parce que nous nous faisons dicter de là-haut (elle pointe le ciel avec son index) ce que nous devons faire : « Arrêtez-les, arrêtez-les, arrêtez-les de faire ça! Peu importe la manière dont vous leur ferez comprendre : arrêtez-les! » »

Comment concilier la guerre spirituelle avec les « autres » luttes? Comment faire entendre ce discours ailleurs? Comment le rendre légitime, comme une lutte aussi valable que les autres? Géraldine ne fait pas de prosélytisme, elle est consciente des multiples dimensions de la lutte qui doit être politique, scientifique, dans la rue, sur les réseaux sociaux et par et pour les esprits.  Ces directions sont complémentaires, attachées l’une à l’autre. Et Géraldine souhaite une triple victoire : obtenir le retrait d’Enbridge des terres ancestrales indigènes, trouver un système de transition vers un autre modèle de vie et réussir à sensibiliser les allochtones afin de leur montrer que les actions menées par les autochtones proviennent du plus profond de leurs cœurs.

Penser les stratégies de transition au capitalisme

Dans la bouche de Géraldine, la solution semble simple : il faut unir les forces. Pourtant, la question de la stratégie divise toujours les troupes. Quid de l’implication politique pour des partis comme le NPD ou les Verts lors de la prochaine campagne électorale? Quid des bonnes vieilles manifestations dans la rue? Quid des relations avec les scientifiques pour asseoir la lutte sur des faits vérifiés et des réalisations « concrètes »?

Pour une organisation comme Manitoba Energy Justice Coalition, encourager les jeunes à voter et à s’impliquer lors de la prochaine élection fédérale le 24 octobre 2019 est sans aucun doute primordial.

« On essaie de faire sortir le vote des jeunes. Le gouvernement existe, que nous le voulions ou pas, alors allons-y et votons », dit Laura Tyler.

Celle-ci ne croit pas que le changement proviendra du haut et des privilégié·e·s, mais selon elle, les politicien·ne·s peuvent tout de même rendre la lutte plus facile. D’ailleurs, parmi les futur·e·s élu·e·s qui se disent progressistes, Laura mentionne la candidate du NPD, Leah Gazan, une autochtone se réclamant d’un programme ancré dans les valeurs socialistes. Elle a remporté son investiture dans la circonscription de Winnipeg Centre en mars dernier contre un candidat plus expérimenté et issu de l’establishment du parti[x]. « Leah a juste prononcé le mot socialisme dans une phrase de son discours et tout le monde s’est levé pour l’applaudir » se rappelle Laura, pour qui l’investiture de l’ancienne leader d’Idle No More a été un moment particulièrement galvanisant cette année. Gazan est d’ailleurs comparée à l’élue du Nouveau Parti démocratique Alexandria Ocasio-Cortez dans certains médias[xi].

Cependantle NPD a été au pouvoir pendant seize ans et il a très peu agi pour lutter contre les changements climatiques. Pour en parler, nous rencontrons David Camfield, membre du groupe Solidarity Winnipeg, beaucoup plus sceptique sur cette question. Il nous accueille simplement et chaleureusement dans sa maison située dans un quartier populaire de la ville.

« L’élection du NPD en 1999 a mené à une démobilisation complète, explique-t-il. Les gens se sont dit « on s’est débarrassé des conservateurs, le travail est fait ». Beaucoup d’activistes se sont d’ailleurs trouvé un emploi au sein du nouveau gouvernement. Mais au final, elles et ils ont gardé le statu quo néolibéral. »

Aujourd’hui, David Camfield ne partage plus aucune sympathie envers le NPD qu’il considère procapitaliste : « Il y a de bonnes personnes au sein du NPD, mais le parti en soi est complètement inadéquat pour faire face aux défis auxquels nous sommes confronté·e·s » explique le délégué du Winnipeg Labour Council. Et il n’encourage certainement pas les militant·e·s à perdre leur temps et leur énergie à inciter les gens à voter. Ni à militer pour les Verts d’ailleurs.

Le résident de Winnipeg depuis 2003 a plutôt mis son énergie dans la création d’un groupe politique nommé Solidarity Winnipeg (SW). Ouvertement inspiré de Solidarity Halifax, une organisation politique anticapitaliste inclusive, le groupe SW s’est formé en 2015 dans le but de rassembler les militant·e·s de gauche critiques du NPD.

« On a commencé à se rassembler pour faire face à la future élection des conservateurs. Mais rapidement, on a constaté que les gens autour de nous voulaient plus qu’une organisation anti-austérité, ils voulaient une organisation politique anticapitaliste, populaire et non sectaire » explique David Camfield.

Si le manque d’organisation des militant·e·s a pour l’instant plombé l’aile du projet (le groupe est toutefois bien vivant et organise régulièrement des séances de lecture), celui-ci croit encore que la résistance doit passer par la création d’une organisation politique démocratique, collective et surtout anticapitaliste. Le but d’une telle initiative est de prendre part aux luttes actuelles tout en ayant un objectif à long terme de transition anticapitaliste. David Camfield met pour l’instant son énergie à la construction d’une grève du climat, un projet qui fait selon lui le « buzz » chez les jeunes et les activistes.

Un problème capitaliste

La différence peut sembler de taille entre les militant·e·s, mais la réalité est beaucoup plus subtile. Peu importe la stratégie, les activistes rencontré·e·s s’entendent pour dire que le vrai problème est le capitalisme et que les changements climatiques ne sont qu’une cause de ce système basé sur l’extractivisme et le pillage des ressources.

« C’est une grande lutte et elle a plusieurs fronts. Il faut que des gens se fassent élire et écrivent les lois. Il faut aussi que des gens prennent soin des personnes les plus affectées par le système. Il faut que les gens prennent la rue pour protester. Il faut que les artistes nous inspirent. Tout le monde a un rôle à jouer », explique Laura Tyler. Pour elle, les citoyen·ne·s ont trois moyens d’utiliser leur pouvoir pour changer les choses : voter, consommer différemment et revoir la manière dont ils et elles « vendent » leur force de travail. Le but est d’exploiter toutes les options.

Alors que nous rejoignions les jeunes militant·e·s autochtones rencontré·e·s à l’université, le blocage d’une artère passante qui se transforme en marche le long de la route se mettait en branle sous nos yeux. L’action est brève, mais efficace : le son des tambours résonne et les automobilistes stoppé·e·s sont soit dégoûté·e·s, soit ravi·e·s de la protestation. Des corps précarisés et invisibilisés s’imposent[xii], pour une rare fois, dans l’espace public. Nous participons à l’action de manière discrète, en prenant quelques photos pour immortaliser le tout.

La lutte ne fait que commencer. Les activistes de Winnipeg ont bon espoir que la semaine d’action du 20 septembre 2019 sera l’étincelle qui motivera davantage de personnes à se joindre au mouvement. Des étudiant·e·s préparent déjà un die-in le 20 septembre au Musée pour les droits de la personne et des manifestations et des actions suivront le reste de la semaine. Un groupe nommé Manitoba Adult for Climate Action (en écho au Manitoba Youth for Climate Action) s’est d’ailleurs constitué dans les dernières semaines pour permettre aux non-étudiant·e·s de se joindre à la cause. Les alliances se concrétisent. Ne reste plus qu’à systématiser la lutte.

[i] Thunder Bay est l’une des villes les plus pauvres, mais aussi une des plus violente au pays, particulièrement violente envers les autochtones. Voir https://www.canadalandshow.com/shows/thunder-bay/

[ii] https://www.cbc.ca/news/canada/manitoba/winnipeg-homeless-census-1.4702113

[iii] https://www.homelesshub.ca/resource/homelessness-winnipeg-fact-sheet

[iv] Mountain Equipment Co-op est une coopérative de consommateurs canadienne

[v] https://www.mbenergyjustice.org/about

[vi] https://www.forbes.com/sites/mikehughes1/2019/08/02/climate-change-18-months-to-save-the-world/#2680f62749bd

[vii] https://www.facebook.com/redrisingmagazine/

[viii] Schroeder, « Spirit of the Buffalo Camp Aims to Stop Pipeline at Canada-U.S. Border ».

[ix] Anonyme, « La Zad est morte, vive la Zad ! – Une histoire des derniers mois et de ses conflits »; Dechezelles, « Une ZAD peut en cacher d’autres. De la fragilité du mode d’action occupationnel ».

[x] Petz et March 31, « Leah Gazan Wins NDP Nomination for Winnipeg Centre ».

[xi] https://thetyee.ca/News/2019/07/16/Leah-Gazan-NDP-Candidate/

[xii] Butler, « Politique du genre et droit d’apparaître ».