par Rédaction | Oct 20, 2020 | Canada, International, Québec
Par Adèle Surprenant
Les migrant.e.s internationaux constituent environ 3,4% de la population mondiale, dont plus de 58 millions résident en Amérique du Nord1. Du Mexique au Canada, les conséquences de la pandémie de Covid-19 ont accéléré la « réfrontiérisation » (rebordering2) du monde, un processus entamé depuis plus de deux décennies.
Le 21 mars 2020, le Center for Disease Control interdisait l’entrée aux migrant.e.s clandestin.ne.s sur le sol des États-Unis, invoquant la section 362 du Public Service Act pour justifier que les migrant.e.s soient traité.e.s comme une « menace à la santé publique ». La veille, le premier ministre Justin Trudeau concluait un accord bilatéral de fermeture des frontières terrestres et aériennes avec Washington, soutenant que les mesures demeurent « en conformité avec les valeurs canadiennes » 3 .
Présenter comme un des piliers de la lutte contre la propagation du Coronavirus par l’immunologue et membre de l’équipe mise en place par la Maison blanche pour lutter contre la pandémie, Anthony Fauci, l’intervention aux frontières nord-américaines s’inscrit pourtant dans une mouvance qui précède la Covid-19 4.
Des politiques migratoires contestées
Entrée en vigueur en décembre 2004, l’Entente sur les tiers pays sûrs entre le Canada et les États-Unis prévoit que « les demandeurs d’asile sont tenus de présenter leur demande dans le premier pays sûr où ils arrivent 5 », sauf exception. Souvent comparé au controversé Règlement de Dublin 6, qui régit les demandes d’asiles dans l’Union européenne, l’Entente est notamment critiquée par le Conseil canadien pour les réfugiés (CCR) « parce que les États-Unis ne sont pas un pays sûr pour tous les réfugié.e.s », peut-on lire sur le site de l’association, mais aussi pour son « but et [son] effet, [soit] la réduction du nombre de réfugiés qui peuvent demander la protection du Canada 7 ».
Le CCR a entamé des poursuites judiciaires contre le gouvernement du Canada, réclamant l’invalidation de l’Entente auprès de la Cour fédérale, qui lui a rendu un jugement favorable en juillet dernier. Une décision portée en appel par le Canada, suspendant de fait la déclaration d’invalidité pour une période de six mois. D’après les autorités étatiques, « le Canada a une fière tradition de longue date de fournir une protection à ceux qui en ont le plus besoin en offrant un refuge aux personnes les plus vulnérables du monde, et le gouvernement du Canada demeure fermement résolu à maintenir un système de protection des réfugiés compatissant, équitable et ordonné. L’Entente sur les tiers pays sûrs demeure un instrument complet pour ce faire, et ce, selon le principe que les personnes devraient demander l’asile dans le premier pays sûr où elles arrivent 8 ».
L’invalidation de l’Entente sur les tiers pays sûrs n’est pas la seule mesure en immigration à être mise à l’arrêt. « Les délais réguliers pour les démarches en immigration sont déjà très long », témoigne la coordonnatrice du centre d’hébergement montréalais pour migrant.e.s Foyer du Monde, Eva Gracia-Turgeon, qui ajoute que « le temps de la Covid est particulièrement angoissant parce que tous les délais – sauf dans le cas des prestations d’aide sociale – ont été ralenti à un point jamais vu ».
En temps normal, le traitement d’une demande d’asile au Canada peut prendre plus de deux ans. Pour les 23 résident.e.s de Foyer du Monde, parmi lesquels on compte une majorité de familles et de mères monoparentales, la décision du gouvernement fédéral de geler les processus en immigration « a vraiment affecté le moral des gens », commente Mme Gracia-Turgeon, qui rappelle que certain.e.s migrant.e.s peuvent arriver au pays dans un état de vulnérabilité psychologique et physique que la pandémie n’a fait qu’aggraver.
« [Les personnes migrantes] ont été laissé à l’abandon, puisque beaucoup d’entre eux et elles attendaient des papiers dans des délais assez serrés sont obligés de retourner dans leurs pays [d’origine], continue la coordinatrice, au téléphone avec L’Esprit libre. On a vu énormément de gens qui, faute de renouvellement de statut, sont tombés dans l’irrégularité ou ont dû quitter le pays », dont beaucoup par leurs propres moyens.
Cela pourrait être le cas de Mamadou Konaté, un ivoirien d’origine sans statut qui a travaillé comme concierge en CHSLD durant les premiers mois de la pandémie. M. Kontaté est détenu au Centre de prévention de l’immigration de Laval en attendant sa déportation, faute d’avoir obtenu ses papiers et puisque son emploi de concierge n’est pas inclus dans le programme de régularisation du statut d’immigration des demandeur.se.s d’asile ayant prêté main-forte durant la crise sanitaire qui vise principalement les préposé.e.s aux bénéficiaires 9.
Le programme fédéral permettrait aux travailleur.se.s de la santé d’obtenir une résidence permanente, une initiative qui n’a pas été accueillie favorablement par Québec. « La Covid a été la meilleure excuse au provincial pour arrêter, ralentir, fermer la plupart des services en immigration », selon Mme Gracia-Turgeon, qui craint une « récupération politique » de la pandémie par le gouvernement de François Legault, connu pour ses mesures anti-immigrations.
Mais le gouvernement fédéral a aussi des reproches à se faire d’après Trudeau, qui a reconnu ne pas avoir bien géré le dossier des travailleur.se.s temporaires migrant.e.s, qui sont environ 60 000 à venir chaque année, principalement du Guatemala et du Mexique. « Chaque personne qui travaille au Canada mérite de le faire dans un environnement sûr et, malheureusement, cela ne s’est pas toujours produit 10», a avoué M. Trudeau en juillet 2020, après que certain.e.s travailleur.se.s agricoles aient témoigné.e.s avoir été contraint.e.s à rester sur leur lieu de travail sans droit de visite durant plusieurs mois, une restriction n‘ayant pas été appliquée à leurs collègues canadien.ne.s.
Un problème panaméricain
Le Canada et les États-Unis ne sont pas les seuls pays du continent ou l’étau se resserre autour des migrant.e.s.
Au Mexique, le bureau des réfugiés (COMAR) a suspendu indéfiniment toutes ses activités, laissant des milliers de demandeur.se.s d’asile dans le flou administratif et ce, en dépit du nombre records de réclamations au cours de la dernière année 11. Pour nombre de migrant.e.s qui attendent d’être entendus auprès des tribunaux d’immigration états-uniens étant stationnés aux frontières Nord du Mexique, les incertitudes entourant la bureaucratie mexicaine peuvent être synonymes de déportation sans appel. Et puisque les mesures pour contrer la crise sanitaire ont contribué à appauvrir le pays, le nombre de personnes agglutinées à la frontière ne cesse d‘augmenter, comme en témoigne une étude menée dans l‘État du Guerrero, ou au moins une ville observe une augmentation de 3 000% de l’émigration 12. On compte pourtant à plus de 40 000 le nombre d’expulsions des États-Unis chez leur voisin du Sud depuis le début de la pandémie, sans considération pour les besoins des migrant.e.s déporté.e.s en termes de protection internationale 13.
La situation pour les quelques cinq millions de réfugié.e.s vénézuélien.ne.s répartis entre la Colombie, la Bolivie, le Brésil et d’autres pays de la région est également catastrophique : 75 000 d’entre eux et elles auraient été contraint de retourner dans leur pays d’origine entre mars et mai 2020 – en dépit des risques pour le sécurité physique et alimentaire -, alors que près de 80% des vénézuelien.ne.s en Colombie ont perdu leur emploi depuis l’éclosion de la pandémie en Amérique latine 14.
Début octobre, une caravane d’au moins 3 000 personnes, dont la majorité serait d’origine hondurienne, a traversé la frontière du Guatemala dans l’espoir de rejoindre les États-Unis. Geovanny Torres, 27 ans, est l’un d’entre eux : « nous partons à cause de la pauvreté, de la pandémie et de tout ce qui se passe ici » confiait-t-il à l’Agence France Presse (AFP) 15, en référence aux violences endémiques qui ravagent l‘Amérique centrale et une partie de l‘Amérique du Sud depuis des décennies. Une maladie infectieuse toujours en attente d’un vaccin.
1 Institut national des études démographiques. 28 mars 2018. Worldwide. [En ligne] https://www.ined.fr/en/everything_about_population/demographic-facts-sheets/focus-on/migration-worldwide/ (page consultée le 6 octobre 2020)
2 Beylier, Pierre-Alexandre. 29 mars 2020. « De l’Europe à l’Amérique du Nord, la contagion du renforcement des frontières » dans The Conversation. [En ligne]. https://theconversation.com/de-leurope-a-lamerique-du-nord-la-contagion-du-renforcement-des-frontieres-134874 (page consultée le 29 septembre 2020)
3 Ibid.
4 Ibid.
5 Gouvernement du Canada. 23 juillet 2020. Entente entre le Canada et les États-Unis sur les tiers pays sûrs. [En ligne]. https://www.canada.ca/fr/immigration-refugies-citoyennete/organisation/mandat/politiques-directives-operationnelles-ententes-accords/ententes/entente-tiers-pays-surs.html (page consultée le 5 octobre 2020)
6 Article à paraître sur le site de L’Esprit libre.
7 Conseil canadien pour les réfugiés. Entente sur les tiers pays sûrs – Vue d’ensemble. [En ligne]. https://ccrweb.ca/sites/ccrweb.ca/files/static-files/TPS.htm (page consultée le 5 octobre 2020)
8 Gouvernement du Canada. 21 août 2020. Le gouvernement du Canada interjettera appel de la décision de la Cour fédérale concernant l’Entente sur les tiers pays sûrs. [En ligne]. https://www.canada.ca/fr/securite-publique-canada/nouvelles/2020/08/le-gouvernement-du-canada-interjettera-appel-de-la-decision-de-la-courfederale-concernant-lentente-sur-les-tiers-pays-surs.html (page consultée le 5 octobre 2020)
9 Radio-Canada. 25 septembre 2020. « QS en appel à la compassion pour un “ange gardien“ menacé d‘expulsion » dans Radio-Canada. [En ligne]. https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1736507/mamadou-konate-risque-deportation-qs-appel-intervention-legault (page consultée le 6 octobre 2020)
10 Fr24 News. 20 juillet 2020. « Le Coronavirus met en lumière le mauvais traitement des travailleurs migrants au Canada » dans Fr24 News. [En ligne]. https://www.fr24news.com/fr/a/2020/07/le-coronavirus-met-en-lumiere-le-mauvais-traitement-des-travailleurs-migrants-au-canada-canada.html (page consultée le 6 octobre 2020)
11 Mixed Migration Center (MMC). Quarterly Mixed Migration Update : Latin America and the Carabbean. [En ligne]. http://www.mixedmigration.org/resource/quarterly-mixed-migration-update-lac-q2-2020/ (page consultée le 5 octobre 2020)
12 Ibid.
13 Ibid.
14 Ibid.
15 Le Monde. 2 octobre 2020. « Malgré la pandémie de Covid-19, au moins 3000 migrants honduriens en route pour les États-Unis » dans Le Monde. [En ligne]. https://www.lemonde.fr/international/article/2020/10/02/malgre-la-pandemie-de-covid-19-au-moins-3-000-migrants-honduriens-en-route-vers-les-etats-unis_6054439_3210.html (page consultée le 6 octobre 2020)
par Susana Ponte Rivera | Juin 15, 2020 | Feuilletons
« No voy a colgar. Je ne vais pas raccrocher. Je vais laisser les minutes s’écouler pour que tu sois pénalisée et je donnerai une mauvaise évaluation de ton travail pour que tu sois congédiée. » Maria n’avait jamais imaginé qu’un·e client·e du centre d’appel lui parlerait ainsi, ni qu’elle vivrait du racisme en travaillant dans un centre d’appel en Espagne. « Porque la gente no me ve, pero me escucha. Esto no me lo había imaginado. Parce que les gens ne me voient pas, mais ils m’entendent. Je n’y avais pas pensé avant que ça m’arrive. Il n’est pas rare que mes collègues d’Amérique latine et moi recevions des commentaires xénophobes et racistes. Sauf les Dominicains, car les clients pensent qu’ils sont Espagnols ».
Maria n’a pas toujours travaillé dans des centres d’appel. Au contraire, rien dans son parcours ne la préparait à cette éventualité. En 1998, elle s’installait à Montréal pour entreprendre une maîtrise en sciences sociales. Avant son arrivée, elle n’envisageait pas que son projet de recherche porterait sur l’immigration mais sa propre expérience d’immigrante lui a donné envie d’étudier ce phénomène social. C’est à contrecœur qu’elle a été obligée d’abandonner sa maîtrise en raison des frais de scolarité exorbitants. Étudiante étrangère sans bourse, elle ne pouvait plus assumer une facture de frais de scolarité qui, session après session, s’élevait à 6 fois plus que celle de ces collègues d’études québécois·e·s2. Elle décide de rester à Montréal pour y travailler en intervention sociale auprès de familles immigrantes. Elle savait qu’elle devrait travailler bénévolement afin d’acquérir la famosa experiencia canadiense, la fameuse expérience canadienne sans laquelle il est très difficile pour les personnes immigrantes d’accéder à un travail rémunéré. Quand je demande à Maria où elle a entendu parler de l’importance d’avoir de l’expérience canadienne, elle me répond qu’elle ne s’en souvient pas. « Peut-être dans mes séminaires universitaires sur l’immigration. Es que es …como algo que está en el aire. C’est, comment dire …quelque chose qui est dans l’air. »
En attendant d’obtenir son permis de travail, Maria souhaitait se rendre utile auprès des familles immigrantes en difficulté et, en même temps, acquérir l’expérience canadienne. Elle s’est donc réjouie en lisant, dans un journal de quartier, l’avis de recrutement de bénévoles d’un organisme communautaire œuvrant surtout auprès d’immigrant·e·s hispanophones. Après un entretien durant lequel la directrice de l’organisation la questionne sur ses expériences antérieures en lien avec ses tâches éventuelles et sa motivation à s’engager dans l’organisme, Maria est sélectionnée. Détentrice d’une licence en sciences sociales3, familière avec les questions migratoires et trilingue (français, anglais et espagnol), il faut dire qu’elle a « la gueule de l’emploi ». En septembre 1999, Maria commence son bénévolat à raison de 8 heures par semaine. Puis, à partir de novembre, pendant l’absence de la travailleuse sociale, Maria s’occupe de l’accueil et de l’intervention sociale. Quatre mois plus tard, quand la travailleuse sociale démissionne, c’est à Maria que le poste est offert.
« Je travaillais 35 heures par semaine et recevais un taux horaire de 10$4. J’étais payée en dessous de la table car je n’avais toujours pas de permis de travail. À partir de 2001, je travaillais 40 heures par semaine. À titre d’intervenante sociale, j’accompagnais les familles et individus en difficulté, je concevais et animais des ateliers de groupe. De plus, je m’occupais de la recherche de financement, de la rédaction des demandes de subvention et des rapports aux bailleurs de fonds. Toujours à titre d’employée de l’organisme, trois jours par semaine, j’occupais le poste d’agente de liaison dans une école primaire publique où je rencontrais les élèves immigrant·es, leurs parents et les enseignants qui éprouvaient des difficultés. Le fait de travailler sans permis et sans déclarer mes revenus me préoccupait. Je ne voulais pas travailler en dessous de la table, mais sinon j’aurais fait comment pour réunir les sommes nécessaires pour demander la résidence permanente5? »
Suivant les conseils d’un avocat en immigration, la directrice rédige une promesse d’embauche pour Maria, qui mènera à l’obtention du tant attendu permis de travail. Elle pourra finalement entamer les procédures pour sa résidence permanente, qui lui sera délivrée en janvier 2002.
Le mois suivant, son salaire est augmenté à 15$ et sa semaine de travail passe à 38 heures et demie. Cependant, la charge de travail étant très élevée, Maria travaille toujours entre 43 et 45 heures. Parfois, elle peut reprendre ces heures, mais, chaque mois, une vingtaine d’heures ne lui sont pas payées. Je ne souligne pas que d’après la Loi sur les normes du travail, les heures travaillées au-delà d’une semaine de 40 heures auraient dû lui être payées en temps et demi. À quoi bon puisqu’elle habite maintenant en Espagne?
« Est-ce que tu sentais que tu avais une dette envers l’organisme qui t’avait appuyée dans tes démarches pour obtenir ta résidence permanente? » « Pas du tout. Yo sabia cuanto valia mi trabajo. Je savais combien valait mon travail. Le problème était ailleurs. La directrice s’attendait à ce que je sois aussi dévouée qu’elle. Elle me faisait constamment pression, par exemple pour que je représente l’organisme lors d’événements qui avaient lieu après ma journée de travail et sans que ces heures me soient payées. Sa vie, c’était l’organisme, elle ne comptait pas ses heures et souhaitait que j’en fasse autant. C’était difficile pour moi de dire non. »
Les longues heures de travail de Maria l’exténuent et la pression augmente pour qu’elle prenne de plus en plus de responsabilités sans que sa rémunération soit majorée pour autant. Elle démissionne afin d’éviter un épuisement dont elle commence à sentir les effets. La charge émotionnelle de son travail d’intervenante sociale – profession où les femmes sont largement surreprésentées – n’a peut-être pas aidé Maria. Elle prend des vacances en Espagne pour se reposer et visiter sa parenté, qui a émigré en Espagne quelques années plus tôt.
En raison d’un « giro inesperado de los hechos », une tournure inattendue des événements, elle décide de rester en Espagne où elle répétera l’expérience d’effectuer du travail gratuit dans le but de se trouver un travail rémunéré à deux reprises. Son expérience montréalaise aura donc structuré sa manière de chercher du travail. « Je l’ai presque fait une quatrième fois, ironise-t-elle. J’ai apporté mon c.v. dans un organisme pour faire du bénévolat. Un processus de sélection pour un remplacement de congé de maternité était en cours et j’ai été embauchée pour la durée du congé de la travailleuse. Il n’y a pas eu d’autres postes à combler depuis. »
Dans ses expériences de bénévolat, dans trois organismes communautaires et dans deux pays, Maria sentait que sa contribution aux organismes et aux personnes qu’elle accompagnait était importante. Dans sa dernière expérience bénévole, Maria occupe un poste d’intervenante sociale mais auprès d’Espagnol·e·s. C’est la première fois dans sa vie professionnelle d’intervenante sociale, rémunérée ou pas, qu’elle n’est pas embauchée pour œuvrer auprès de personnes immigrantes ou racisées. Elle me raconte que son travail était apprécié et qu’elle pouvait mettre à profit ses compétences en intervention auprès de personnes natives. Je me suis toujours demandée ce qu’elle entendait par là. Pensait-elle qu’étant une femme immigrante racisée elle ne serait pas embauchée comme intervenante sociale pour travailler auprès de la population espagnole et très majoritairement blanche, que son expertise serait reconnue seulement pour travailler auprès d’autres immigrant·e·s? Je ne le saurai jamais puisque je ne le lui ai pas demandé. Je ne trouve pas toujours facile d’interrompre une personne qui me raconte une période pénible de sa vie.
Maria a poursuivi son rêve de compléter des études supérieures. Après avoir obtenu une maîtrise en sciences sociales tout en travaillant en intervention sociale, elle entreprend un doctorat, qui en est désormais à l’étape finale. Le monde du travail ne lui sourit pas pour autant. Son diplôme universitaire de premier cycle n’étant pas reconnu en Espagne, elle ne pourra solliciter des postes de professeure dans les universités espagnoles. « Pour que mon bac soit homologué, je devrai envoyer tous mes documents officiels à une université espagnole. Mon dossier sera analysé et le fonctionnaire qui étudiera mes papiers décidera, selon son humeur, si je dois passer un examen ou plusieurs. Tout ça après avoir complété une maîtrise et sous peu un doctorat dans ce pays! ¿Te das cuenta? Tu te rends compte? Et ça coûte de l’argent! Me revoilà donc en train de travailler dans un centre d’appel. Tout ça pour éventuellement étudier des choses que je sais déjà » dit-elle, visiblement découragée.
Paradoxalement, la formation en sciences sociales de Maria lui permet d’analyser les causes structurelles de sa situation, notamment la crise en Espagne, la néolibéralisation des politiques sociales, le sexisme, la xénophobie sans parler du racisme ordinaire. Au sujet de son quotidien, Maria dit : « En Espagne, je suis devenue une femme racisée et suis perçue comme une femme pauvre même si dans mon pays d’origine, je ne l’étais pas. Depuis que je suis arrivée c’est continuel. Ici, je dois toujours expliquer qui je suis, todo el tiempo, tout le temps. C’est comme si j’étais une imposteure, car les gens pensent que je suis une aide familiale, que j’habite avec une personne âgée malade et que j’en prends soin. Quand j’explique que je suis en train de terminer mon doctorat, ils sont surpris, déstabilisés. »
« Bien sûr, la stratégie du bénévolat m’a été utile, mais depuis mon contrat pour le remplacement du congé de maternité je n’ai plus trouvé de travail en intervention sociale », ajoute-t-elle. La crise sociale que l’Espagne vit depuis 2008 et les mesures d’austérité qui s’ensuivirent ont eu de graves conséquences sur ses employeurs potentiels, les organismes et associations communautaires. Rien pour aider une femme immigrante et racisée au chômage.
Sur la nécessité de faire du bénévolat pour travailler dans son domaine, la position de Maria est nuancée. Sa position de privilège, me raconte-t-elle, lui a permis de ne pas avoir de revenu car elle était financièrement soutenue, de manière intermittente à Montréal et plus tard en Espagne, par sa famille demeurée dans son pays d’origine ou par son conjoint. « J’ai donc pu me permettre, por asi decirlo, façon de parler, d’être bénévole pour ma réalisation professionnelle et en pensant à mon avenir. » Je lui demande si elle conseillerait cette stratégie à des immigrantes à la recherche de travail à Montréal. Elle prend son temps avant de répondre. « Es una arma de doble filo, c’est une arme à double tranchant. Tu obtiens un bénéfice, une ligne sur le c.v., mais si le gouvernement sélectionne des personnes qualifiées pour émigrer, pourquoi leur expérience n’est-elle pas reconnue? Mais je ne sais pas … j’opterais pour le bénévolat. Comme la stratégie a fonctionné pour moi à trois reprises, je l’utiliserai encore si nécessaire. Alors ça devient un dilemme moral, de convictions, de luttes personnelles parce que tu fais le jeu du système même si tu sais que c’est injuste. »
Esta en el aire, c’est dans l’air le bénévolat pour acquérir l’expérience canadienne mais c’est aussi sur le site web du gouvernement canadien sous la rubrique « Commencez votre vie au Canada » : « donner bénévolement de votre temps est un excellent moyen : de rencontrer des gens, de participer à la vie de votre collectivité et d’acquérir de l’expérience de travail au Canada6 ». Selon le gouvernement québécois, c’est sous le registre de l’altruisme qu’il faut comprendre le bénévolat. « L’action des bénévoles est généreuse, noble. La plupart du temps, elle est également silencieuse. » Ou encore « Les bénévoles ne cherchent pas les honneurs, mais il importe de reconnaître leur engagement et leur dévouement7. » Peut-être que certain·e·s bénévoles cherchent tout simplement du travail payé.
Après avoir interrompu la rédaction de sa thèse pour travailler dans un centre d’appel pendant 8 mois, Maria a repris l’écriture et y dédie presque tout son temps. Elle passe ses journées chez elle, seule, en train de rédiger sauf la fin de semaine quand son mari revient de son travail dans une autre ville. C’est à 200 kilomètres de leur domicile qu’il a trouvé un emploi dans un entrepôt, un autre contrat à durée déterminée comme ceux qu’il cumule depuis des années. Dernièrement, Maria m’a écrit. Elle finira sa rédaction sous peu et vient de débuter un contrat à durée déterminée dans un centre d’appel.
Lors de nos rencontres, j’ai remarqué que Maria portait presque toujours des boucles d’oreilles et des bagues. Une de ses bagues en argent captivait mon attention. En position centrale, une perle en argent était entourée de dix petites perles qui, à leur tour, étaient encerclées d’une deuxième rangée de perles. Elle m’a expliqué, avec enthousiasme, que cet ouvrage d’orfèvrerie était le symbole de la ville espagnole qu’elle habitait. Je n’ai pu m’empêcher de penser que la ville qu’elle affectionnait lui rendait mal son attachement.
« Tengo otras perlas, sabes. Tu sais, j’ai d’autres perles de mon expérience dans les centres d’appel. Un jour, un client m’a dit : « Je veux parler à un Espagnol, je ne veux pas te parler. »
Photo : Johan Mouchet sur Unsplash
1 L’entretien a été réalisé en espagnol, langue maternelle de l’interviewée et de l’autrice du feuilleton.
2 Voir www.bei.umontreal.ca/bei/ds_info.htm
3 Ce diplôme de premier cycle dans son pays requiert 4 ans de scolarité, la réalisation d’une recherche, la rédaction d’un mémoire et une soutenance devant jury.
4 À cette époque, le salaire minimum au Québec était de 6,90$. Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité au travail (CNESST), « Historique du salaire minimum », juin 2020. www.cnt.gouv.qc.ca/salaire-paie-et-travail/salaire/historique-du-salaire…
5 Les candidat.e.s à la résidente permanente doivent d’abord obtenir le Certificat de sélection du Québec (CSQ) qui est délivré par le Ministère de l’immigration du Québec. Les personnes « sélectionnées » demandent ensuite la résidente permanente au Ministère de l’immigration du Canada. Ces coûts augmentent d’année en année. À titre indicatif, en 2014, le coût de la demande de CSQ s’élevait à 750$ et celui de la demande de résidence permanente à 490$. Si le candidat.e. est à l’extérieur du pays, il doit solliciter un visa qui coûtait, toujours en 2014, 550$. À ces montants, il faut ajouter notamment les coûts importants d’examens médicaux, de traduction et d’envoi de documents. Javiera Araya-Moreno, « L’alchimie de l’État : La construction de la différence dans le processus de sélection des immigrants au Québec », Mémoire de maîtrise, Université de Montréal – Département de sociologie, 2014. papyrus.bib.umontreal.ca/xmlui/bitstream/handle/1866/11091/Araya-Moreno_Javiera_2014_memoire.pdf?sequence=6&isAllowed=y
6 Gouvernement du Canada, « Contacts avec la communauté », modifié le 29 juin 2017. www.canada.ca/fr/immigration-refugies-citoyennete/services/nouveaux-immi…
7 Ministère du Travail, de l’Emploi et la Solidarité sociale, « Action bénévole », modifié le 12 décembre 2019. www.mtess.gouv.qc.ca/sacais/action-benevole/index.asp et Gouvernement du Québec, « Lancement de la 23e édition des prix Hommage bénévolat-Québec – Dites merci à un bénévole ou à un organisme exceptionnel », communiqué de presse, 31 octobre 2019. www.fil-information.gouv.qc.ca/Pages/Article.aspx?aiguillage=ajd&type=1&…
par Marine Caleb | Oct 6, 2019 | Analyses
« Ce n’est pas la diversité, mais sa gestion qui pose un problème »
Cet article est paru dans notre recueil diversalité, en vente sur notre boutique en ligne et dans plusieurs librairies indépendantes.
Vantés internationalement, le multiculturalisme et la santé du marché du travail canadiens attirent les travailleurs et travailleuses du monde entier. En théorie, au Québec, l’intégration est une responsabilité que doivent partager les migrant·e·s, la société d’accueil et l’État. En réalité, la province fait des promesses que ses services défaillants ne peuvent tenir. Si bien que les discriminations demeurent et les débats identitaires sont chroniques.
Le Canada, terre d’accueil et de tolérance : une idée qui fait l’unanimité partout dans le monde. Un fantasme sur lequel repose le branding canadien, l’image de marque que les gouvernements successifs continuent d’alimenter. Cette stratégie est loin d’être exclusive au Canada : « les pays sont construits sur des mythes nationaux pour légitimer leur système politique », explique Sabine Choquet, chercheuse au Centre de recherche en immigration, ethnicité et citoyenneté (CRIEC) à l’Université du Québec à Montréal.
Certains, comme la France, reposent sur le mythe de l’État-nation. Sont prônés une langue et une identité nationales uniques ou encore des droits universels. Au Canada, comme en Suisse ou au Liban, l’identité collective repose sur le fantasme de la diversité, poursuit Sabine Choquet. En témoigne l’inscription du multiculturalisme dans la Loi constitutionnelle de 1982. Le besoin de main-d’œuvre amène le Canada à louer les bienfaits du vivre-ensemble et de la diversité ethnoculturelle pour séduire les travailleurs et travailleuses directement dans leur pays.
En cohérence avec ce discours, des moyens accessibles et facilités sont mis en place pour ceux et celles souhaitant immigrer. « Contrairement aux pays européens, le Canada possède des règles d’immigration », confesse Stephan Reichhold, administrateur de la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI), lors de la conférence « Politiques et immigration : à quand la mutation ? » dans le cadre du Festival du Monde arabe le 4 novembre 2018. Il offre en effet la possibilité de préparer une immigration permanente depuis l’étranger en amont de la migration. Une manœuvre qui permet de favoriser l’établissement permanent à l’immigration clandestine et temporaire.
Mais les années 90 changent la donne. Au Canada comme dans les pays de l’OCDE, l’immigration temporaire liée au travail augmente jusqu’à dépasser en nombre l’immigration permanente. Les gouvernements doivent réagir en organisant des politiques de gestion des travailleurs et travailleuses temporaires. « Face à cette tendance, ils privilégient de plus en plus l’immigration temporaire liée au travail », détaille Sid Ahmed Soussi, sociologue membre du CRIEC. Les flux migratoires augmentent constamment et en 2016, le Canada recevait 320 932 personnes immigrées[i].
Un attrait constant pour les travailleurs et travailleuses du monde et une aubaine pour un Québec souffrant d’une pénurie de main-d’œuvre. Depuis 2004, le taux de postes vacants est passé de 2 % à 3,9 %, faisant du Québec la province la plus touchée au Canada, selon un communiqué de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante[ii]. Cette tendance devrait s’accentuer en raison des futurs départs à la retraite[iii]. Mais c’est sans compter les décisions gouvernementales. En janvier 2019, le gouvernement de François Legault maintenait sa décision de réduire d’environ 24 % le nombre de personnes accueillies en 2019, afin d’augmenter le nombre d’admis par la suite et d’ici 2021.
Seulement, les immigrant·e·s attiré·e·s par l’ouverture et le manque de main-d’œuvre feront face à des défaillances administratives, des frustrations et des désillusions personnelles. Aux promesses d’un accueil chaleureux se succèdent les réalités des politiques de gestion de l’immigration au Québec et au Canada. Les dysfonctionnements résideraient en premier lieu dans l’intégration, selon Sabine Choquet. Plus précisément, pour Sid Ahmed Soussi, la question la plus problématique est celle de l’insertion professionnelle.
En terre inconnue
L’intégration des immigrant·e·s est pensée comme une responsabilité commune : État, société d’accueil et personnes immigrées doivent y œuvrer. La maîtrise du français et le partage des valeurs québécoises de vivre-ensemble sont pour le Québec garants d’une intégration réussie. Pour ce faire, la province offre des cours de francisation, une aide financière et un accompagnement d’Emploi Québec[iv]. À la suite de ces services gouvernementaux, le Québec dirige les populations immigrantes vers des organismes subventionnés tels qu’ALPA (Accueil liaison pour arrivants) ou CANA (Carrefour d’aide aux nouveaux arrivants). Une manœuvre de désengagement qui complique la situation des nouveaux arrivants et nouvelles arrivantes.
Brunilda Moreno a dû trouver ce type d’organisme par elle-même. Arrivée en 2004 depuis l’Albanie avec sa fille, elle ne connaissait personne et son français n’était encore pas parfait. « Je n’ai pas eu beaucoup d’aide, je n’étais pas accompagnée », admet-elle. Ses difficultés en langue ont fini par devenir prioritaires pour trouver un emploi, si bien qu’elle a décidé de faire un baccalauréat en relations industrielles. Étudier était selon elle la meilleure manière de perfectionner son niveau de français.
Yonny Penaranda est Canadien d’origine colombienne. Malgré une situation économique stable, sa femme et lui ont décidé de quitter leur pays pour des raisons politiques et de sécurité. Après trois ans passés à préparer leur émigration, à apprendre le français à leurs propres frais, à faire valoir leurs diplômes, ils s’installent à Montréal en 2008 en tant que résident·e·s permanent·e·s. M. Penaranda a préféré poursuivre sa francisation dès son arrivée. « J’ai eu beaucoup de chance, car au collège Montmorency où je suivais mes cours de francisation, une dame donnait des cours pour aider les finissant[·e·]s à trouver un emploi », détaille-t-il, désormais recruteur auprès de la Ville de Montréal.
Manque de repères, précarité, incompréhensions linguistiques et culturelles rythment la vie des immigrant·e·s durant les premiers mois. Ceux et celles qui retrouvent famille, ami·e·s ou connaissances peuvent être plus facilement aidé·e·s et dirigé·e·s vers les organismes appropriés. Les autres avancent dans le brouillard. Léo Cardoso[v], de l’organisme ALPA, explique que les personnes sont dirigées vers le centre surtout grâce au bouche-à-oreille, aux recommandations d’Emploi Québec et du MIDI et aux réseaux sociaux.
8,7 % de chômage
Le brouillard est d’autant plus épais quand il s’agit de trouver un emploi. Malgré une forte pénurie de main-d’œuvre au Québec, en 2017, le taux de chômage des immigré·e·s est de 8,7 %, contre 5,6 % pour le reste de la population, selon Statistique Canada[vi]. Les stagiaires du programme de parrainage professionnel de la Ville de Montréal commencent leur stage après avoir cherché du travail dans leur domaine pendant un an, en moyenne, rapporte Nathalie Tellier, conseillère à la diversité en emploi pour la Ville de Montréal, selon les données recueillies par un sondage réalisé auprès de la cohorte 2017-2018. Parmi cette dernière, 15 % avaient cherché entre un an et trois ans, et 9 % cherchaient un travail correspondant à leurs qualifications depuis plus de trois ans avant leur stage.
Bien que le Québec et le Canada prônent leur ouverture et leur besoin de main-d’œuvre, la réalité des immigré·e·s montre un dysfonctionnement. « Malgré un taux de plus 70 % de qualification[vii] des immigrant-e-s, l’insertion professionnelle pose problème », remarque Sid Ahmed Soussi. Les immigrant·e·s peinent à trouver du travail dans leur domaine. « Ce problème d’insertion frappe en premier l’immigration francophone d’Afrique subsaharienne et d’Afrique du Nord », relate le sociologue. L’Enquête nationale auprès des ménages de 2011[viii] révèle en effet qu’au Québec, le taux de chômage des immigrant·e·s d’origine arabe atteignait 16,3 %, quand il était de 7,9 % pour l’ensemble de la population.
Au bout de cinq ans au Québec, 68,7 % des personnes immigrantes obtiennent un premier emploi dans leur domaine[ix]. Les autres se dirigent vers des emplois en dessous de leurs qualifications, voire en dehors de leur champ de compétences. La surqualification touche en effet davantage les personnes immigrées que les autres, selon un rapport[x] de 2017 du CIRANO (Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations). Des chiffres qui iraient à la baisse au fil des années après l’installation selon l’étude de Jean Renaud et Tristan Cayn[xi].
Les exemples d’incohérence abondent : les hommes d’origine arabe qui se font proposer par un employé d’Emploi Québec de faire une formation de chauffeur de bus alors qu’ils ont été sélectionnés comme ingénieurs; les femmes ayant des diplômes universitaires à qui on propose d’être préposées aux bénéficiaires, etc.
En Colombie, Yonny Penaranda travaillait dans les ressources humaines. Il espérait ainsi trouver un poste à la hauteur de ses compétences en s’enregistrant auprès d’Emploi Québec. Même s’il a été bien encadré, son expérience avec Emploi Québec a été une épreuve douloureuse. Il reconnaît que sa situation est individuelle et qu’elle ne résume pas celle de tou·te·s les nouveaux arrivants et nouvelles arrivantes, mais il explique qu’il a été mal suivi. « Au lieu de m’encourager, elle me décourageait beaucoup, en me disant qu’elle ne pensait pas que je pouvais être placé dans les ressources humaines, avec mon niveau de français et sans l’anglais », résume M. Penaranda. Son travail en Colombie ne paraissait pas équivalent aux yeux de cette conseillère qui lui recommandait de faire au moins une technique ou un DEP pour avoir un diplôme québécois.
Petit à petit, Yonny Penaranda et Brunilda Moreno s’en sont remis aux propositions d’emplois et de stages d’Emploi Québec. Cela, jusqu’à ce qu’ils soient acceptés au sein du parrainage professionnel de la Ville de Montréal pour réaliser un stage rémunéré de six mois.
Entre sa création en 2006 et la fin 2017, le programme de parrainage professionnel de la Ville de Montréal a offert des stages de six mois à 480 personnes. Cela se destine à un·e résident·e permanent·e ayant déjà de l’expérience professionnelle dans un milieu francophone. 85 % des personnes de la cohorte de 2017-2018 ne sont pas nées au Canada. Parmi elles, 48 % étaient arrivées récemment, 68 % appartenaient à une minorité visible et 16 % avaient une autre langue maternelle que l’anglais ou le français. Des chiffres stables depuis la création du programme, rapporte Nathalie Tellier.
Le parrainage a été un véritable tremplin pour Brunilda Moreno et Yonny Penaranda. Aujourd’hui, ce dernier est en charge de la recherche de talents et de dotation pour la Ville et Brunilda Moreno est devenue agente-conseil en ressources humaines pour la Ville.
Des problèmes systémiques
D’où viennent ces contradictions et incompréhensions, ce taux de chômage élevé ou encore ces difficultés à trouver une aide pour s’installer? Sabine Choquet est catégorique : « Ce n’est pas la diversité qui pose problème, c’est la manière dont elle gérée ». Pour Yasmina Chouakri, membre de la TCRI et du CRIEC, il est clair que les obstacles sont de nature systémique et qu’ils sont ancrés dans les politiques de gestion de l’immigration et de la diversité. Elle dénonce aussi un manque criant d’arrimage entre les différents ministères touchant à l’accueil et à l’intégration des personnes immigrées. « Il y a une absence de cohérence entre la sélection des personnes et les réalités des marchés de l’emploi partout au Québec », regrette la chercheuse. Le Québec sélectionne[xii] 72 % des immigré·e·s en tant que résident·e·s permanent·e·s selon leurs diplômes, leur niveau de français, mais aussi selon les besoins démographiques, sociaux et professionnels de la province[xiii].
Mais cette sélection n’est réalisée ni en fonction des réalités du marché de l’emploi ni en fonction des formalités réelles spécifiques à chaque domaine. Cela, alors que l’on sait précisément quels secteurs sont sous pression, quels autres sont en demande, regrette Sid Ahmed Soussi. « On aurait besoin par exemple de coiffeurs [et coiffeuses], de boulangers [et boulangères] ou d’ébénistes », poursuit-il. Ces personnes choisies se retrouvent ainsi en porte-à-faux, alors que la réussite de leur sélection constituait la promesse d’un emploi à hauteur de leurs compétences. « Ce qui est surprenant, c’est que ce constat largement documenté n’ait pas été pris en compte dans les politiques publiques », remarque le sociologue du Centre de recherche en immigration, ethnicité et citoyenneté (CRIEC). Si la loi sur l’immigration adoptée en juin 2019 est supposée corriger ces incohérences, les critères de sélection demeurent encore focalisés sur les diplômes du candidat ou de la candidate.
Dans les secteurs où un niveau de qualification est exigé, la correspondance des diplômes obtenus à l’étranger avec ceux délivrés au Québec engendre une complication supplémentaire et un deuxième déphasage. La question de la reconnaissance des diplômes est en effet source de découragement dans le domaine de l’intégration des immigré·e·s. Les diplômes reconnus par le gouvernement dans la sélection de l’immigration permanente ne correspondent pas aux exigences de certains secteurs d’emploi et des ordres professionnels. Cela concerne par exemple les architectes, les chimistes, les ingénieur·e·s ou les professionnel·le·s du domaine de la santé.
Les ordres professionnels fonctionnent comme des entités indépendantes. « Ils ont la haute main sur certaines professions et le gouvernement a beaucoup de mal à les contrôler, car c’est un mode de régulation propre au Québec », détaille Sid Ahmed Soussi. Ils sont ainsi un obstacle de taille pour les immigré·e·s, car leur admission est requise pour exercer et cette même admission peut exiger de compléter des équivalences. Seulement, par besoin de main-d’œuvre, quelques-uns de ces ordres commencent à changer leurs modalités d’adhésion en les rendant plus faciles et transparentes, tempère Léo Cardoso, agent de communication auprès de l’organisme ALPA.
Sid Ahmed Soussi revendique ainsi une sélection réalisée en concertation avec les différents secteurs et ordres, mais aussi selon les besoins réels de la société. Sabine Choquet estime qu’il ne faut pas accueillir d’immigrant·e·s sans les accueillir réellement. Il y a pour elle un vrai travail à faire pour aider les immigrant·e·s à comprendre la culture québécoise, apprendre le français, trouver un logement et un travail, accompagner leurs enfants dans leur éducation et leur socialisation, etc. Des tâches que le gouvernement québécois relègue à la société civile. « Il serait important que ces personnes aient un soutien personnalisé selon leurs besoins », estime Nathalie Tellier.
« Choc culturel »
Parmi cette gestion imparfaite de l’immigration se nicherait un certain racisme systémique. Une des causes des problèmes d’immigration pour Sid Ahmed Soussi. Ce sont tous les traitements quotidiens vécus par les minorités visibles qui génèrent des inégalités culturelles, sociales, politiques et économiques. Conscientes ou inconscientes, ces décisions sont le fruit d’une construction sociale fondée sur l’origine ethnique. En témoigne le taux de chômage des minorités visibles, originaires notamment d’Afrique.
Les dysfonctionnements dans l’accueil et l’intégration de l’immigration sont par ailleurs à lier avec les valeurs québécoises, spécifiques à la province, comme la place du religieux, estime Sabine Choquet. « La société québécoise s’est caractérisée par une distanciation du fait religieux, de par la prégnance de l’Église catholique mise à l’écart par la Révolution tranquille », analyse Sabine Choquet. Ce passé religieux est un enjeu important du débat sur la laïcité au Québec et in fine de la gestion et de la perception de l’immigration. Par le biais de l’immigration, la société craint un retour de ce religieux dont elle s’est débarrassée, explique la chercheuse. L’adoption de la loi sur la laïcité en juin 2019 et le virulent débat autour d’elle en sont une preuve supplémentaire.
« S’ensuit un choc culturel à ne pas nier, car certaines personnes issues de l’immigration sont extrêmement religieuses. » Elles se retrouvent sans le savoir dans un pays qui s’est écarté de cela. L’incompréhension est donc réciproque, chacun des groupes se retrouvant confronté à une conception opposée de la religion. « Certaines personnes prônant la laïcité peuvent être taxées de racisme, alors que c’est peut-être simplement qu’elles ne comprennent pas la place de la religion dans d’autres sociétés. Car un tel attachement relève pour eux du passé », défend la chercheuse du CRIEC.
D’autant plus qu’il est difficile d’interpréter le sens religieux d’un symbole et que la liberté religieuse doit être garantie par l’État. « Porter une djellaba n’est pas un signe d’intolérance », clame la chercheuse. La société majoritaire a une certaine représentation de ce qu’est être Québécois·e, qu’elle projette sur les minorités ethniques et culturelles. Et plus son environnement est homogène, plus la peur de l’altérité et de l’intolérance est grande. En effet, cette peur est liée à un fantasme de la figure de l’étranger. Un fantasme né d’une peur collective de l’immigration clandestine et d’un amalgame entre elle et les autres immigrations. La peur des clandestin·e·s se propage sur les autres immigrant·e·s, qui sont perçu·e·s comme un « groupe homogène, sans regarder les spécificités de chacun·e », regrette Yasmina Chouakri.
Au Québec notamment, ces perceptions populaires sont alimentées par les discours politico-médiatiques et illuminées par les groupes identitaires d’extrême-droite. Des groupes qui ne seraient justement qu’un « contre-pouvoir comme un autre face à une majorité », estime Sabine Choquet. Pour elle, le plus grand déphasage réside entre la promotion de la diversité comme pilier de l’identité collective et la persistance des revendications nationalistes des Québécois·es. Même si les discriminations et les extrémismes demeurent, Sabine Choquet estime que le modèle québécois de gestion de l’immigration est une réussite.
La faute aux immigré-e-s
La société d’accueil et les employé·e·s gouvernementaux (comme Emploi Québec) seraient-ils mal préparé·e·s à l’arrivée des immigrant·e·s et à leurs spécificités? « Il y a peu de pression sur la société d’accueil, le fardeau est beaucoup mis sur le nouvel arrivant [et la nouvelle arrivante] », poursuit Stephan Reichhold, administrateur de la TCRI. Les deux lois sur l’immigration et la laïcité votées sous le bâillon les 15 et 16 juin 2019 vont dans le même sens avec l’interdiction du port de signes religieux pour les employés de l’État, l’obligation d’avoir le visage découvert lors d’un service ou le test de valeurs québécoises pour obtenir la résidence permanente.
Ces différences ne remettent pas en cause le « vivre-ensemble, la cohésion sociale ou encore l’identité nationale », tempère-t-elle pour donner tort aux croyances et aux peurs irrationnelles largement médiatisées. « Il n’a jamais été avéré que la diversité ethnoculturelle amenait plus de conflits », explique la chercheuse. Mais c’est bien la focalisation sur la différence qui peut entraîner le sentiment que l’intégration est impossible pour la personne ou le groupe.
Pis, en plus d’endommager le tissu social, réduire un groupe à sa différence peut le pousser au repli sur soi, au communautarisme, voire à revendiquer cette différence jusqu’à mener parfois à la violence ou à la radicalisation[xiv]. Des pratiques critiquées et perçues par la majorité comme des preuves que la minorité refuse de s’intégrer. Que la majorité discrimine une communauté en particulier provoque un cercle vicieux de revendications identitaires de part et d’autre.
Dans les faits, la peur d’une menace à l’identité collective se manifeste par le sentiment que c’est à l’immigrant·e de se conformer à sa société d’accueil. Il ou elle doit s’adapter aux codes de la société québécoise, à ses valeurs et à sa version de la laïcité et du vivre-ensemble. En témoigne la volonté du gouvernement Legault d’interdire le port du voile, un projet de loi « violent » pour les concerné·e·s, selon Sabine Choquet, qui estime que cela entretient la marginalisation des minorités ciblées.
La chercheuse préfère de loin le dialogue et la médiation à ces restrictions. « Il faudrait expliquer aux personnes immigrantes qu’elles arrivent dans une société aux valeurs de laïcité et où la religion relève du privé, plutôt que d’interdire », affirme-t-elle.
Il en va de même pour trouver un emploi. « Les entrevues au Québec sont différentes d’ailleurs. Il faut que les nouveaux [et nouvelles] arrivant·e·s s’habituent à ce type d’entrevue », poursuit Nathalie Tellier. L’attitude, l’intonation, le sourire sont des conseils dont les immigré·e·s ont besoin pour réussir leur entretien d’embauche et leur intégration dans leur nouvel emploi.
Désengagement de l’État
Pour pallier les manquements du gouvernement québécois dans l’intégration des personnes immigrées, mais aussi dans la préparation de la population, la société civile s’active. Entre formations en communication interculturelle, centres d’accueil et d’aide à l’intégration, cours et séances de conversation en français ou services de garderie, tout est mis en place pour accompagner les individus. Sans oublier la promotion des régions pour désengorger la métropole et pallier le manque de main-d’œuvre partout au Québec.
Comme d’autres centres d’accueil et d’aide à l’intégration, l’organisme ALPA accompagne les nouveaux et nouvelles arrivant·e·s dans leur recherche d’emploi. Établi dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, le centre propose une approche interculturelle, loin de cet ethnocentrisme qui met tout le poids de l’intégration sur la personne immigrée. Les particularités et le parcours des immigrant·e·s sont pris en compte et mis en valeur sans aucun jugement sur les valeurs et références culturelles de certain·e·s. Les intervenant·e·s du centre prônent ainsi la compréhension pour aider l’intégration.
Indéniablement, le programme de parrainage professionnel de la Ville de Montréal attire des participant·e·s tolérant·e·s et ouvert·e·s aux défis soulevés par une équipe diversifiée. En proposant un projet, ils et elles savent que leurs portes s’ouvrent à des personnes qui peinent à s’intégrer professionnellement, qu’elles soient en situation de handicap, issues de l’immigration, ou de jeunes diplômé·e·s. C’est l’occasion de « donner au suivant, quel que soit son âge, son sexe, sa religion ou sa culture », pour Stéphane Beaudoin, directeur des travaux publics de l’arrondissement Pierrefonds-Roxboro et cette année parrain de Tarek, venu d’Égypte avec sa famille.
Comme les autres, Brunilda Moreno estime que c’est à son tour d’aider. Marraine pour la première fois en 2018, elle met un point d’honneur à accompagner sa stagiaire dans sa recherche d’emploi. « Je me rappelle que pendant mon stage, c’était mon souci premier. Je voulais vraiment savoir ce qui allait se passer après ces six mois », explique Mme Moreno. Le travail des parrains et marraines est de croire en leur stagiaire, de créer un sentiment d’inclusion et d’appartenance à leur environnement.
Formatrice pour le programme de la Ville, mais aussi fondatrice de la compagnie abc intercultures, Amina Benrhazi raconte que la plupart des nouveaux et nouvelles arrivant·e·s pensent que tout le monde doit se comporter de la même façon au travail pour s’intégrer. Elles et ils écrasent ainsi leurs différences pour mimer les attitudes de leurs collègues. L’objectif de ces formations est de leur enseigner à rester naturel·le·s tout en respectant la différence de l’autre. « On travaille beaucoup sur l’empathie et l’intelligence relationnelle des employé·e·s comme des stagiaires », explique-t-elle.
Si ces formations à la communication interculturelle ou la gestion de la diversité se popularisent, elles doivent avoir du sens pour les travailleurs et travailleuses de la société d’accueil pour porter leurs fruits. Répéter, parler plus lentement, laisser le temps de répondre, garder le sourire, s’assurer que l’autre a bien compris, donner des conseils en cas d’échec ou de problème. Autant de pratiques employées pour optimiser la communication interculturelle et participer au sentiment d’intégration.
Nathalie Tellier énumère fièrement les résultats du sondage réalisé tous les ans après le stage. Globalement, parrainé·e·s comme superviseurs et superviseures en sont satisfait·e·s. Mieux, le taux d’insertion professionnelle donne de l’espoir. « 59 % sont en emploi trois mois après la fin, dont 74 % à la Ville de Montréal », détaille la conseillère.
Espoir
Si, dans son travail quotidien, Léo Cardoso constate la montée d’une certaine xénophobie et des discours politico-médiatiques négatifs, il explique voir beaucoup d’espoir parmi les personnes immigrantes. Les yeux brillants, l’intervenant raconte qu’une année, des bénévoles d’ALPA ont organisé une distribution de cadeaux de Noël dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve :
« Ça a été l’une des plus belles expériences de ma vie, car 98 % de nos bénévoles étaient des demandeurs [et demandeuses] d’asile. Ces personnes étaient encore en hébergement transitoire et elles ont décidé, trois semaines après leur arrivée, de s’engager. D’aider une communauté majoritairement québécoise, blanche et pauvre, mais avec qui elles partagent l’expérience de la vulnérabilité sociale. »
Un exemple significatif de la résilience de ces personnes, estime Léo Cardoso. Mais aussi de l’impact de l’accueil et de l’intégration sur un individu, qu’il soit réfugié ou migrant économique. Si les migrant·e·s permanent·e·s n’ont pas forcément fui la terreur, ils et elles n’en ont pas moins pris la décision de tout quitter pour mieux vivre, à l’instar de Brunilda Moreno ou Yonny Penaranda. Leur objectif à travers leur travail et leur participation au parrainage professionnel est d’aider comme il et elle ont pu l’être et de protéger leur stagiaire du plus de difficultés et de solitude.
L’anecdote de Léo Cardoso fait changer de paradigme sur les personnes réfugiées et immigrantes. « Ce genre d’expérience me fait garder espoir », conclut-il. Il y a selon lui un décalage énorme entre la façon dont est dépeinte l’immigration (l’intégration est problématique, les immigrant·e·s dérangent le tissu social et sont la source de conflits) et le bonheur réel de ces individus. « Même s’il y a des problèmes et des défis, il y a énormément d’exemples positifs », déclare Léo Cardoso, optimiste. Certes, des difficultés de communication existent et exigent des ajustements, des formations ou plus de temps. « Il ne faut pas croire que la cohabitation est simple, il ne faut pas nier les difficultés », explique Sabine Choquet.
Car participer à l’intégration des personnes immigrées n’est pas seulement bénéfique pour ces dernières. Des études montrent de plus en plus les bienfaits de la diversité sur la société d’accueil ou sur une entreprise. Alberto Alesina et Eliana La Ferrara ont par exemple démontré que la diversité ethnique avait des bénéfices économiques[xv]. Dans cet article comme dans de nombreux rapports[xvi], il est constaté qu’avoir une équipe multiculturelle a des conséquences positives pour l’innovation.
Nathalie Tellier a pu témoigner de la richesse d’une équipe multiculturelle. De même, Stéphane Beaudoin explique avoir autant à apprendre de ses stagiaires qu’elles et eux. Chacun·e s’accorde pour affirmer qu’accueillir une personne immigrée au sein de son équipe apporte une diversité non seulement culturelle, mais aussi de point de vue, de techniques et de sensibilité. Cette vision se répand peu à peu tant la pénurie de main-d’œuvre amène entreprises comme institutions à se tourner vers l’immigration. Un pas qui aide à améliorer les perceptions de la société d’accueil vis-à-vis des personnes immigrées. Reste à ne pas glisser vers une vision uniquement utilitariste de l’immigration, où les immigrant·e·s sont avant tout des travailleurs et travailleuses (surtout temporaires) pour qui il n’est pas question d’intégration, voire de droits fondamentaux[xvii].
Distinguer l’immigration permanente et temporaire
La majorité des programmes d’insertion professionnelle, de francisation, de socialisation ou de régionalisation sont uniquement offerts aux résidents permanents. Qu’en est-il des autres immigrant·e·s au Québec ? Pour les travailleurs et travailleuses temporaires, la question de l’intégration ne se pose pas, car « on ne veut pas qu’ils restent », résume Sid Ahmed Soussi avec exaspération. Aucune condition d’installation n’est mise en place, les discriminations salariales sont courantes, l’accès aux droits sociaux, à la santé et à la sécurité du travail limité, la syndicalisation hors d’atteinte, une éventuelle retraite est proscrite malgré les cotisations prélevées, etc.
Les politiques publiques de gestion de l’immigration temporaire sont « totalement différentes de l’immigration permanente », détaille Sid Ahmed Soussi. Elle est premièrement très contrôlée par le gouvernement, mais reste gérée par le nombre exponentiel d’agences de placement. De par son permis nominatif, les conditions de vie et de séjour de la personne immigrée relèvent de son employeur. Le contrat n’est pas renégociable, la personne est liée à l’entreprise et une cessation de poste l’obligerait à quitter le territoire. Et c’est sans parler de la situation des travailleuses domestiques…
[i] Parmi cette population, 30 000 étaient des réfugié·e·s de Syrie. Les immigrant·e·s reçu·e·s sont selon Statistique Canada les personnes pouvant résider en permanence sur le territoire, mais qui n’ont pas encore obtenu la citoyenneté canadienne par naturalisation. Statistique Canada. 2016. Recensement de la population de 2016.
[ii] Fédération canadienne de l’entreprise indépendante. 2018. Le taux de postes vacants atteint de nouveaux sommets au Canada et au Québec. En ligne https://www.cfib-fcei.ca/fr/media/le-taux-de-postes-vacants-atteint-de-nouveaux-sommets-au-canada-et-au-quebec. Lien consulté le 13 décembre 2018.
[iii] Emploi Québec. 2016. Estimations. Le marché du travail et l’emploi par industrie au Québec. En ligne < http://www.emploiquebec.gouv.qc.ca/publications/pdf/00_IMT_Perspectives_2015-24.pdf>
[iv] Tous ces services provinciaux sont entièrement financés par le Canada. Sur le budget fédéral alloué aux services d’accueil et d’intégration de 1,2 million de dollars canadiens par an, 500 millions vont au Québec. Cela, alors qu’obtenir la résidence permanente coûte au moins 1 000 $ en frais de traitement par individu. « Cela ne coûte rien au Québec et la province ne fait aucune reddition de compte au fédéral », confesse Stephan Reichhold en expliquant que la TCRI œuvre à la transparence de l’utilisation de ces fonds. Cela, afin d’améliorer leur clarté, mais aussi leur efficience.
[v] Depuis la publication de cet article, Léo Cardoso n’occupe plus de poste auprès d’ALPA.
[vi] Statistique Canada. 2018. Enquête sur la population active. En ligne <https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/180907/dq180907a-fra.htm>. Lien consulté le 15 janvier 2019.
[vii] Ministère de l’Immigration, de la diversité et de l’inclusion. 2016. Plan d’immigration du Québec pour l’année 2017. Page 8. En ligne <http://www.midi.gouv.qc.ca/publications/fr/planification/Plan-immigratio…
[viii] Statistiques Canada. 2011. « Enquête Nationale auprès des ménages ».
[ix] Renaud, J. et Cayn, T. 2007. Jobs Commensurate With Their Skills? Selected Workers and Skilled Job Access in Québec. Journal of International Migration and Integration. Page 375–389
[x] Boudarbat, B. et Montmarquette, C. 2017. La surqualification professionnelle chez les diplômés des collèges et des universités : État de la situation au Québec. Rapport de projet du CIRANO (Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations)
[xi] Ibid viii
[xii] Ibid vi. Page 12
[xiii] Vatz-Laaroussi, M. et Charbonneau, J. 2001. L’accueil et l’intégration des immigrants : à qui la responsabilité ? Le cas des jumelages entre familles québécoises et familles immigrantes. Lien social et Politiques, (46), 111–124. doi:10.7202/000327ar
[xiv] « Cela peut mener au regain d’une pratique religieuse ou culturelle traditionaliste », détaille Sabine Choquet.
[xv] Alesina, A. et LF, E. 2005. “Ethnic Diversity and Economic Performance.” Journal of Economic Literature, 43 (3): 762–800.
[xvi] Momani, B. et Stirk, J. 2017. Les fruits de la diversité. L’avantage mondial du Canada. Rapport spécial du Centre pour l’innovation dans la gouvernance internationale et la Fondation Pierre Elliott Trudeau. En ligne < https://www.cigionline.org/sites/default/files/documents/DiversitySpecia…
[xvii] Jacob, A. 2012. « La conception dominante et utilitariste de l’immigration doit changer ». Revue Relations no 757 juin 2012.